Numéro 11 Régional

« On nous appelait les Lip noirs »

Qui ne connaît pas la lutte menée dans les années 1970 par les paysans du Larzac contre l’extension du camp militaire ? Et qui n’a pas entendu parler du combat mené par les Bretons et les écologistes contre la création de la centrale nucléaire de Plogoff ? Mais qui se souvient encore de la grève des mineurs de Ladrecht, entre Alès et la Grand’Combe en 1980 ? Pourtant ces trois moments de l’histoire des mouvements sociaux ont de nombreux points communs : initialement locaux et sectoriels, ces combats ont atteint une dimension régionale et nationale sur une longue durée, la lutte fut inventive et déterminée et son dénouement est lié à l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981.

Autant de raisons pour faire un détour par le Gard.

Dès 1976 la tension est vive dans le bassin minier de Ladrecht. Les mobilisations locales, départementales, régionales et nationales se succèdent à un rythme effréné. Le 5 mai 1980, la quasi-totalité des 200 mineurs descendus par la cage du puits Destival décident la grève illimitée au fond, en réponse aux lettres de mutation que quelques-uns d’entre eux viennent de recevoir. Le gouvernement poursuit la fermeture des mines un peu partout, alors que l’inflation est à deux chiffres et que l’austérité imposée par les plans Barre va aggraver la situation de chacun‧e. Quant à la possibilité d’une accession de la gauche au pouvoir, elle paraît aléatoire au vu de la rupture du programme commun en 1977 et de l’échec aux législatives l’année suivante (1). De ce fait, à la base des syndicats, beaucoup poussent pour une stratégie offensive, ne voulant plus attendre une hypothétique victoire électorale.

C’est ainsi que face à la menace de fermeture de Ladrecht, la CGT, ordinairement suivie par 80 % des mineurs, décide de « partir seule » pour avoir les coudées franches. Très bien implantée dans le bassin alésien, elle est ouvertement soutenue par le Parti communiste, alors très puissant : les quatre députés sur quatre dans le Gard comme de nombreux maires lui sont acquis, dont celui d’Alès, le populaire Roger Roucaute, le « colonel Lazare » des FTP pendant la Résistance.

Déclin ouvrier

La régression charbonnière amorcée 20 ans plus tôt annonce à terme la fermeture de tous les puits. Les fausses promesses de reconversion engendrent la stagnation des salaires. Qui plus est, les atteintes au « statut » de 1947, un modèle pour l’ensemble du monde ouvrier, accroissent la désillusion. À la décroissance des effectifs consécutive au gel des embauches s’ajoutent le déclin démographique des communes ouvrières de l’ensemble du bassin houiller, l’absence de perspectives pour les jeunes et la dévitalisation de tout le territoire. Les grands conflits de 1947, 1948 et 1952 comme ceux de 1963 et 1975 ont bien posé la question de l’avenir, mais sans parvenir à ouvrir de réelles perspectives. Le puits de Saint-Florent a été dynamité en 1976, alors qu’il était l’un des plus modernes d’Europe, et le puits Ricard a fermé deux ans après ; l’effectif total des Houillères du bassin des Cévennes est passé de plus de 14600 en 1958 à 1200 (dont 255 mineurs de fond) en 1980. Une question taraude les esprits : toutes les communes vont-elles connaître la descente aux enfers endurée par la Grand’Combe qui a déjà perdu près de 40% de sa population ? Cette ville comptait 14 565 habitant·es en 1954 ; 8329 en 1982… Et la population d’Alès a commencé son déclin à partir de 1974-75.

Redéploiement spatial du capitalisme

En ces années 80, alors même que la France importe du charbon d’Allemagne, de Russie, d’Afrique du sud et que la demande d’énergie continue d’augmenter (2), deux logiques s’opposent frontalement : celle des décideurs obnubilés par une vision strictement comptable du prix de la « thermie équivalent pétrole » versus celle des mineurs et d’un grand nombre d’élu·es du coin (de gauche) qui souhaitent faire valoir les coûts sociaux des baisses ou fermetures d’activité, ainsi que ceux occasionnés par tout déclin démographique. Et ne convient-il pas plutôt de limiter la casse en exploitant au maximum les ressources locales ? Car ici, il y en a ! Des dizaines de millions de tonnes de charbon déjà reconnues et exploitables, dont huit d’anthracite de haute qualité dans le gisement de Ladrecht. Mais les Houillères du Bassin des Cévennes (HBC) en ont obstrué la galerie de jonction avec le puits Destival. La raison ? La Communauté économique du charbon et de l’acier, ancêtre de l’Union Européenne, a planifié la baisse de la production au profit des bassins les plus rentables, sa politique énergétique étant axée sur le tout-pétrole agrémenté de nucléaire civil. La stratégie économique globale consiste à accélérer le redéploiement spatial du capitalisme à l’échelle européenne et internationale : ouverture des frontières, croissance des marchés financiers, rôle de plus en plus important des firmes multinationales recherchant l’énergie la moins chère possible dans un contexte de forte hausse.

Actions directes

La bataille s’annonce donc des plus rudes. Il va falloir durer et innover comme le font, dans la même période, les salarié·es de Manufrance à Saint-Étienne et les équipementiers automobiles de Ducellier en Haute-Loire. La CGT puise alors dans les pratiques d’action directe de ses origines. En 1979 elle a déjà créé sa propre radio pirate, « Radio Castagne », à l’instar des sidérurgistes de Longwy (3). Mais elle va désormais plus loin avec le blocage et le déversement des camions livrant le charbon venant de l’extérieur du bassin ; avec la paralysie et le prélèvement des redevances au péage autoroutier de Gallargues ; avec l’occupation permanente du fond et du carreau ; avec l’organisation de visites des installations (y compris à plus de 600 mètres sous terre !) où se tiennent réunions militantes, rassemblements, manifestations, événements festifs (tel le réveillon du jour de l’an 1980) ; avec la séquestration de la direction, le molestage de policiers en civil qui brouillaient les ondes de « Radio Castagne » ; et surtout avec la prise en main directe de la production et de la vente du charbon, au profit des grévistes eux-mêmes. Que de pratiques illégales et d’atteintes à la propriété privée ! « On nous appelait les Lip noirs », raconte l’un d’eux (4).

Convergence des revendications

Tenir et ne pas flancher jusqu’à ce que soit actée l’exploitation du gisement de Ladrecht pour « Viuvre, trabalhar e decidir al païs » ! C’est sur cette base que le Languedoc ouvrier et viticole se mobilise peu à peu et contribue à briser le mur du silence des médias, parvenant à faire de ce combat une grande cause régionale et régionaliste. La forte implication de leaders viticoles et occitanistes en est la preuve, tels Robert Lafont, Emmanuel Maffre-Baugé, Jean-Pierre Chabrol. Proches du parti communiste, ils sont les les trois rédacteurs du récent manifeste « Mon païs escorjat » (cf. ci-contre).

Moins de 20 ans après la grève de Decazeville et quatre ans après la fusillade de Montredon-des-Corbières (5), se matérialise enfin la jonction entre revendications ouvrières et exigences paysannes, dans une optique régionaliste assumée. Le récent tournant autogestionnaire et régionaliste du PC y contribue (6), autant que la perspective proche mais redoutée de l’entrée de la Grèce, de l’Espagne et du Portugal dans le « marché commun ». La concurrence accrue et le risque de dumping social, la disparition accélérée des exploitations agricoles et viti-vinicole menacent de faire du Midi un simple et vulgaire « bronze-cul de l’Europe » comme on disait alors.

C’est aussi l’identité de l’Occitanie, dont sa langue, que l’on refuse de voir cantonnée à l’avenir dans quelques réserves dépourvues de toute capacité autonome de décision et d’action. Ainsi le 10 mai 1980, parlant de la mort du « pays occitan », le comédien et metteur en scène Claude Alranq fait passer un frisson dans la foule rassemblée sur l’Esplanade de Montpellier, en lisant en occitan son poème « Vivre » : « Nous étions travailleurs, elle nous fait larbins / nous étions occitans, elle nous fait indiens » (7). Le slogan « Vivre, travailler et décider au pays » se trouve donc décliné en permanence sous toutes ses formes (banderoles, tracts et affiches, discours) et c’est avec fierté et émotion que le drapeau occitan est déployé dans les manifestations, qu’il flotte sur le chevalement du puits Destival et qu’il est planté le 19 juillet 1980 sur le « mur de Ladrecht » au côté du drapeau français. La presse nationale et le Midi Libre sont obligés d’ouvrir les yeux, d’autant que les grévistes sont suivis par une multitude d’artistes, d’intellectuels, de scientifiques par ailleurs soucieux de mettre à bas un pouvoir giscardien autoritaire et technocratique.

Le rapport de force s’élargit

Les critiques du camp adverse fusent, accompagnées de menaces, intimidations, arrestations, poursuites judiciaires, surveillance constante, débauchage de moyens répressifs (gardes mobiles à foison, présence d’hélicoptère), mises en demeure individuelles envoyées par la direction pour faire reprendre le travail, etc. Cependant, le rapport des forces en faveur des grévistes s’élargit grâce à l’organisation de plusieurs rassemblementsmonstres par les militant·es cégétistes et communistes à Montpellier, Nîmes et Alès (avec parfois des dizaines de milliers de manifestant·es !). Des équipes de militant·es font des quêtes sur tous les marchés, sur les lieux de travail, sur les plages, et portent partout la bonne parole en distribuant des tracts et en vendant des sacs et des t-shirts. Parallèlement les initiatives originales se succèdent : délégation de femmes et d’enfants de grévistes à l’Élysée, référendum territorial, interventions multiples des élus communistes (et parfois socialistes), accueil de nombreux leaders nationaux, etc. La grève bénéficie d’un très large soutien de la population, bien au-delà du monde minier, ce dont témoignent les dons en nature et le total des fonds collectés : près d’un milliard de centimes (dix millions de francs d’alors, soit plus de quatre millions d’euros actuels). Cette caisse de grève est aussi alimentée par la vente directe du charbon à prix réduit, réalisée dans les communes dirigées par des « camarades », ou à des commerçants, artisans et particuliers. Des « ventes sauvages » selon les détracteurs des grévistes.

Les pouvoirs publics et la direction des HBC restent pétrifiés. Et ils ne parviennent même pas à faire aboutir les condamnations judiciaires ni les procédures administratives prises à l’encontre des militant·es. Par exemple, l’ordonnance de juin 1980 stipulant l’évacuation de la mine n’est pas suivie d’effet, et les trois inculpations touchant le maire d’Alès se soldent par deux non-lieux et une amnistie. Le 13 mars 1981, un rassemblement monstre de la CGT a lieu à Montpellier et une grève générale est fortement suivie dans tout le Languedoc-Roussillon.

Si l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République en mai 1981 ouvre une perspective de changement, il est clair qu’elle est le fruit d’un large travail militant auquel les mineurs de Ladrecht ont apporté leur pierre. Ils n’attendent d’ailleurs pas le verdict des urnes pour faire monter la pression, à la mi-avril, en perçant (toujours illégalement) la galerie obstruée menant au gisement que la direction ne veut toujours pas exploiter ; une ouverture aussitôt saluée sur place par 10 000 personnes !

Sur le terrain social et symbolique, la victoire semble déjà acquise, et l’échec de Giscard, aussi nécessaire soit-il, ne fait que couronner cette réalité. Enfin la direction accepte ce qu’elle refuse depuis 13 mois : la discussion sur le fond. Dès le 4 juin, une issue positive est envisagée et une semaine après tombe la décision officielle d’ouverture du gisement. « On en pleurait de joie » m’a dit bien plus tard, Roger Burgat, récemment décédé, et dont les yeux s’illuminaient à l’évocation de la « fête de la victoire » qui a suivi.

Désillusion

Certes, tout n’est pas rose et chacun·e, à un moment ou à un autre, doute et éprouve des difficultés. Car si la paye, distribuée pendant ces 13 mois par le comité de grève, a pu parfois avoisiner la moitié d’une paye normale, joindre les deux bouts est particulièrement difficile, surtout dans les familles nombreuses. À cela s’ajoutent des craintes multiples : celle d’une défaite, au bout du compte ; et de licenciement pour quelque motif que ce soit. Et même d’expulsion, dont sont spécifiquement menacés les ouvriers de nationalité étrangère très nombreux et très engagés en dépit des conseils de prudence prodigués à maintes reprises par le leader du mouvement, Francis Iffernet, qui demeure encore aujourd’hui, à 86 ans, une figure du mouvement ouvrier cévenol. En effet, les ouvriers étrangers constituent la moitié de l’effectif : les Algériens comptent pour un quart et les autres nationalités pour un autre quart ; et un gréviste sur trois est étranger.

Des fractures existent aussi dans le camp ouvrier : si seulement une poignée de mineurs a refusé de « partir en grève » et si quelques autres abandonnent en cours de route, il ne faut pas oublier que ceux des « découvertes », les mines à ciel ouvert, continuent de travailler, de même que les salarié·es non-ouvrier·es de la houillère. Plusieurs ne sont pas contre et donnent leur obole à l’occasion, mais ils ne se sentent pas directement concernés, tandis que d’autres critiquent le jusqu’auboutisme de la CGT et le caractère « politique » d’une « grève communiste »…

Les velléités transformatrices de la gauche au pouvoir sont alors bien réelles, mais elles ne durent que quelques mois. Si 330 embauches sont effectives (mais seulement une vingtaine au fond) et plusieurs centaines d’autres promises, le plan proposé par la direction dès 1982 ne s’inscrit déjà plus dans la dynamique initialement envisagée par les grévistes, la CGT et le PC. La quasi-totalité des tenants et aboutissants de la phase néolibérale ouverte il y a peu sont de fait enfourchés par la gauche au pouvoir. Il n’est alors plus question de réorientation de l’Europe, ni d’une audacieuse politique énergétique (en dehors du nucléaire). Ladrecht a vécu. Le puits Destival est fermé en 1985, comme celui des Oules, tout proche. Des grèves et manifestations scanderont encore la vie sociale de ce territoire mais c’est la désillusion et le ressentiment qui succéderont à l’espoir déçu, en dépit de « poches de résistance » actives. La perte de substance des forces syndicales et le déclin multiforme des partis de gauche en seront la conséquence directe.

Industrie Vs environnement

Ce ne fut pas pour autant une grève pour rien puisque l’activité a perduré en découverte jusqu’en 2002 et que des mesures compensatrices en ont découlé (implantation de quelques entreprises, départs en préretraite, etc.). Et nous aurions tort d’analyser ce moment avec nos préoccupations environnementales d’aujourd’hui, en jugeant ce conflit passéiste et « coupable » dès lors qu’il exigeait la poursuite de l’extraction du charbon. Dans ce Midi très touché par la crise et percevant ses difficultés sous l’angle d’une domination quasi-coloniale du Nord (8), personne ne s’est alors élevé au nom du climat et de la préservation du cadre de vie.

Dans tous les bassins industriels et miniers, l’esprit public d’alors s’accordait sur la nécessité d’exploiter autant que possible les richesses que la nature nous avait données. Refuser cela était même assimilé à du gaspillage ! D’autant que du côté des décideurs, la fuite en avant productiviste et extractiviste était loin de fléchir ; la crise ne faisait que la redéployer spatialement.

De fait, malgré des premières alertes venues de milieux environnementalistes, techno-critiques ou soixante-huitards (9), ici inaudibles, les questions économico-sociales primaient. Quarante ans après, nous pouvons le regretter et enrager face à un aveuglement qui peut paraître irresponsable, mais il en fut ainsi faute d’avoir analysé dans toutes ses implications le « problème énergétique » et faute d’avoir lié à temps questions sociales et enjeux environnementaux ; une difficulté qui tourmente encore aujourd’hui le syndicalisme et les forces antisystémiques…

Texte : Alain Boscus / Illustrations : Marco

Cet article est basé, entre autres lectures et contacts, sur le livre de Claude Mazauric, Jacques Dartigue, Ladrecht, Editions sociales, 1982 et sur mon Entretien avec Francis Iffernet, alors responsable de la CGT et leader de la grève, et Alain Martin, de l’Association des Amis de Ladrecht.

1 : Jean Vigreux, Croissance et contestations, 1958-1981, Seuil, 2014.

2 : « Importations records de charbon par la France en 1979 » et « La France a importé 32,2 millions de tonnes de charbon en 1980 », Le Monde, 25/01/1980 et 14/01/1981.

3 : Ingrid Hayes, Radio Lorraine cœur d’acier. 1979-1980. Les voix de la crise, SciencesPo Les Presses, 2018.

4 : Françoise Gardès-Madray et Jacques Bres, issu d’une enquête de terrain de deux ans entamée 15 mois après la fin du conflit, Parole ouvrière. Autour de Ladrecht, Messidor/Éditions sociales, 1986

5 : Épisode tragique dans une séquence de luttes viticoles à fort retentissement. Cf. ce qu’en dit Michèle Zancarini-Fournel dans l’ouvrage qu’elle a dirigé avec Philippe Artières, 68 une histoire collective [1962-1981], La Découverte, 2008, p. 650-656 et 719-724 

6 : Un tournant de courte durée et non abouti, pour diverses raisons conjoncturelles et structurelles. Cf. Serge Dandé, « Le PCF et l’autogestion. Histoire d’un ralliement, 1968-1979 », dans Frank Georgi, Autogestion. La dernière utopie ?, Publications de la Sorbonne, 2003.

7 : Cf. la reproduction de ce texte poignant dans Claude Mazauric, Jacques Dartigue, op. cit.

8 : Histoire de l’Occitanie, éditée en 1979 chez Hachette littérature sous la direction de Robert Lafont lui-même et d’André Armengaud.

9 : Anne Ambroise-Rendu, Steve Hagimont, Charles-François Mathis et Alexis Vrignon, Une histoire des luttes pour l’environnement. 18e-20e siècles de débats et de combats, Les Éditions Textuel, 2021.

Mon païs escorjat

Le manifeste parait en 1979, dans le numéro deux de la revue occitaniste Aici e ara. Écrit par trois figures occitanes, et approuvé par « 10 000 autres signataires », il a un grand retentissement dans tout le Midi. Aveyronnais d’à peine vingt ans alors, je m’en souviens très bien ! « […] Nous pensons que le moment est grave. Il faut éviter un coup mortel porté aux ouvriers, aux paysans, aux intellectuels, aux artisans et commerçants, à toute la société occitane. Cela signifie qu’il faut ici un pouvoir démocratique exercé contre celui des multinationales et contre l’étatisme centralisateur qui se sont alliés. Il faut dans le cadre d’une démocratisation de tout le territoire un pouvoir autonome qui donnera à l’espace occitan de nouvelles chances […] ».

Il n’y a là, ni repli sur soi, ni « nationalisme de terroir » puisque l’occitanisme qu’il prône est ouvert sur les autres peuples. Ce qui est visé, c’est « l’Europe des marchés » et des bureaucrates telle qu’elle se construit, celle de la compétition de tous contre tous, celle de la concentration et du profit. En rappelant le riche passé des luttes du Midi, des Cathares aux maquis cévenols en passant par les Camisards, ce Manifeste produit un récit occitaniste fondé sur la résistance à toutes les dominations. Il résume à lui seul la poussée régionaliste entamée deux décennies plus tôt, sans parvenir à stopper le moment de recul qui commence alors à poindre.

Texte complet sur www.occitanica.eu