L’Empaillé n°7 en kiosque !
Le fond de l’air est…
C’est simple. On veut le retour des gilets, on veut des blocages de lycéens, des occupations d’amphis, d’usine, de sièges sociaux. On veut des assemblées générales de toutes sortes, partout, des action directes et des intersyndicales toutes les semaines, des pétitions et des barricades tous les lundis. On veut des manifs pacifiques et des feux d’artifice, des chemises arrachés et des séquestrations, des blocages et des auto-réductions. On veut être des milliers à chanter à l’unisson contre Macron et sa bande. Oh et puis c’est pas une rentrée sociale qu’on veut, c’est une année sociale !
Pourtant, on peut s’égosiller tant qu’on veut, ce n’est pas ce genre d’incantations qui font se soulever les foules. Tout comme la dégradation des conditions d’existences ou les projets les plus pourris du pouvoir en place ne garantissent pas de soulèvement automatique. Les ressorts d’une mobilisation générale sont souvent bien mystérieux, et transcendent un peu tout ça. Quand l’air du temps s’électrise, lorsqu’on se regarde entre collègues, voisins, camarades et amie.s, qu’on se sourit et qu’on se dit : « On y va ?! »
Avec ce journal, on fait le boulot, enfin on essaie tant bien que mal, avec de petits moyens, une petite équipe et des contributeurs et contributrices toujours plus nombreuses, venant de tous les recoins de cette région. Un an et demi de parution régionale, 140 000 exemplaires distribués. Des dizaines d’enquêtes, reportages, interviews, dessins, photos. Des dossiers à charge contre la bourgeoisie locale, une mise en résonance des luttes sociales qui parcourent ce territoire. Et La Dépêche qui ne lâche pas un mot. Même lorsqu’elle est mise en cause dans nos pages pour son rôle sous l’occupation (cf. p4), elle n’a pas pipé mot. Ni d’ailleurs France 3, Midi Libre, l’Indépendant ou Centre Presse. Cela nous importe peu mais démontre à quel point leur « pluralisme » ne vaut que s’il se joue à l’intérieur de quelques médias mainstream, dans les bornes d’une pensée dominante dont il est autorisé de débattre de son inflexion d’un côté ou de l’autre. Les aides à la presse viennent symboliquement confirmer cet état de fait : l’Empaillé perçoit une aide de 11 700 euros du Fond de soutien à la presse associative, quand le groupe de La Dépêche détenu par une famille multimillionnaire touche 2,2 millions d’aide à la presse en 2021.
Peu importe, on tient la barre, comme tout le secteur des médias indépendants qui est d’une surprenante vitalité à travers tout le pays. Et il en faut plus que jamais, des journaux, des radios, des télés et sites d’infos pour propager les luttes et mener la bataille des idées face au néolibéralisme autoritaire et à l’extrême droite qui a bruni l’assemblée. Alors, avec d’autres médias dissidents, on va créer le « syndicat de la presse pas pareille », pour se serrer les coudes. Et avec notre « réseau d’auto-diffusion » (cf. p20), on va s’organiser pour prendre la visibilité qu’ils nous ôtent, aller traquer chaque espace ou l’on peut être distribués, relayés, affichés, et que ça crève les yeux. Sans avoir besoin de flash-balls. Ils ont les armes, il faut qu’on ait le nombre.