J’ai la lumière jaune dans mon cœur
Rond-point de la Charmille, à quelques kilomètres de Foix en Ariège, une des dernières cabanes de Gilets jaunes. On s’y retrouve par une chaude après-midi d’été, alors que le gouvernement vient d’annoncer une nouvelle série de mesures des plus violentes dans la guerre des classes qu’il mène avec constance depuis quatre ans. Quatre Gilets jaunes ont envie de prendre le temps de revenir sur les trois ans d’un mouvement qui les a bouleversés. Continuer à écrire leur histoire, se remémorer, trouver les traces pour nourrir les luttes en cours et à venir. Pour cela, faire des allers retours entre les souvenirs singuliers et ce qui a fait mouvement.
Jules : On est au rond-point de la Charmille, une des dernières cabanes en Ariège qui sert toujours de lieu de réunion, même s’il n’y a pas de présence quotidienne. C’est par exemple ici qu’on a fait un beau banquet pour accueillir Nia quand elle est sortie de prison [voir plus bas]. C’est un endroit qui continue à vivre. Pendant le confinement ils ont démoli les autres cabanes : à Tarascon, à Pamiers. Au rond-point de Lidl dans la zone commerciale de Foix, il y avait une cabane et un gros pavillon appartenant à Intermarché qui a été squatté. On y faisait les assemblées hebdomadaires et certaines assemblées départementales.
Nia : Au rond-point Gabriela, à l’entrée de Pamiers et de la zone d’activité, il y a eu une cabane mythique parce qu’elle était à côté du péage occupé au début du mouvement. Et longtemps encore après les manifs, on allait lever le péage pour le rendre gratuit, distribuer des tracts… Ce rond-point était plus connoté à droite avec la valeur travail. On s’est pris la tête pas mal de fois avec eux mais on a créé des liens malgré tout. La cabane a été réinvestie récemment.
Esther : Dès 2019, avant la fin de la première année, il y a eu des divergences dans le groupe, des gens qui étaient plus sur l’action, d’autres moins. On ramait dans les AG, on s’embrouillait, on sentait des courants politiques différents, mais je mettais un point d’honneur à venir à chaque fois pour rappeler « qu’on soit d’accord ou pas sur l’issue, l’important c’est l’action ». Certains étaient plus dans la conciliation, ils temporisaient les troupes. S’il fallait négocier avec la préfète, c’était eux. À l’époque, je prenais ça comme un ralentissement. Maintenant je le regarde un peu différemment. Je pense qu’ils ne voulaient pas que ça bascule dans la violence.
Nia : Ils étaient encore dans l’illusion qu’on pouvait changer les choses par la voie institutionnelle, qu’on allait nous écouter. Au début il y en avait tellement qui pensaient que les flics allaient venir avec nous ! Je leur disais « aujourd’hui ils n’ont pas l’ordre de nous taper dessus mais attendez quelques mois, si on est encore là, vous allez voir, ça va changer ». Et c’est ce qui s’est passé. Ça n’a pas été simple mais le mouvement a quand même permis de péter ces grands clivages. On a discuté avec des gens avec qui on n’aurait jamais parlé. Comme on portait le même gilet jaune on s’écoutait, ça nous a permis de gratter la première couche. Le contraire de ce que le pouvoir et les médias attendent.
Esther : L’intelligence a toujours pris le dessus. Quand il a fallu bloquer l’économie, on l’a fait. Des gens n’étaient pas d’accord mais les blocages avaient lieu quand même. Longtemps on a cherché le consensus, quand on a vu que ça ne marchait pas, c’est dans le dissensus qu’on a trouvé : certains bloquaient, et ceux qui n’étaient pas d’accord allaient agir ailleurs, à leur manière. Il y avait de la place pour tout le monde. Et puis la répression et les violences policières, les mutilations, ça nous a réunis et on a oublié nos divergences. En décembre 2018, avec un copain, on a fait partie des premiers GJ qui ont été condamnés suite aux actions sur le péage. On a pris trois mois de sursis et 350 euros de dommages et intérêts chacun. Quand je suis sortie du tribunal il y avait une centaine de GJ. Les gens m’ont mis des billets dans les poches en me disant « ce qui t’est arrivé à toi, ça aurait pu nous arriver à nous ». Je ne les connaissais pas ! Dans la salle on était coupable et dehors on était des héros ! Si je n’avais pas eu ce soutien je pense que j’aurais lâché les GJ ; mais avec cette chaleur humaine, je ne pouvais que continuer.
Nia : Moi, je me souviens de ma première arrestation. Dans les couloirs du « comico », j’entends dans les talkies : « il faut ressortir, on a besoin de monde, il y a les GJ partout ! ». J’ai compris qu’il y avait encore du monde et d’un coup, le sourire ; la banane m’est revenue !
Jules : Il y avait des appels pour aller devant les « comicos », au procès, avec des gens qui se relayaient pour impulser les choses, mais c’était très informel. Après, on a créé une caisse typiquement anti-répression, alimentée par des fêtes : les gens savaient qu’il suffisait de venir à l’assemblée pour demander des sous à la caisse pour payer une amende, un avocat, un plan galère. Je pense que les GJ ont fait prendre conscience aux gens que les violences policières n’étaient pas réservées aux mecs des banlieues, aux criminels, aux sans-dents, aux précaires, que même le bon gars, le maçon qui paye ses impôts, à un moment donné, s’il est dans la rue, il peut être mutilé, être mis en prison. Cette prise de conscience est énorme.
Nia : Par rapport à la solidarité, il y a des trucs qui m’ont espantée. Quand on montait manifester sur Paris par exemple, tu ne connaissais pas les gens mais ils te recevaient chez eux ! Je me suis retrouvée dans des petits appartements, on dormait par terre, à je ne sais pas combien. Il n’y avait pas de question : on était des GJ, on arrivait de l’autre bout de la France. On aurait pu être les pires des bandits et dépouiller l’appart (rires) ! À ma dernière manif sur Paris, la nana chez qui j’étais était excellente : elle part bosser en me laissant les clés de la maison, « vous partez à l’heure que vous voulez ! ». Cette manif s’est terminée en prison pour moi et là encore, elle a été d’une aide précieuse. C’est la manif du 1er mai dernier à Paris qui m’a conduite à mon cinquième passage au tribunal pendant le mouvement : je suis arrêtée, trimbalée jusqu’à la « zone de sécurité » comme ils disent, là où commencent les humiliations. Je suis trempée, frigorifiée. Ils sortent un poteau en bois et décident qu’il est à moi ; ils m’accusent de « violence, attroupement armé, jets de projectiles, refus de donner son ADN ». 24 heures en garde à vue (GAV), plus la nuit dans le tribunal qui n’est pas comptée dans la GAV. Je refuse la comparution immédiate. Mais au prétexte qu’ils ont trouvé dans ma poche un tract pour une manif prévue le 15 mai contre Monsanto, ils considèrent que je vais récidiver et ils me mettent en préventive à la prison de Fresnes. J’ai fait 15 jours de prison. Les GJ d’Ariège sont montés en masse pour l’audience. J’ai pris 500 euros de jour-amende uniquement pour le refus d’ADN. J’ai fait appel, mais le procureur aussi. Il faut donc tout recommencer ! J’attends ce nouveau procès mais ça me conforte dans le combat que je mène : je suis la preuve vivante qu’on nous condamne même sans preuve.
Jules : Je crois qu’en plus de la question de la solidarité face à la justice, il faut parler de la démocratie directe : elle s’est mise en place empiriquement. Il y a des milliers de livres qui ont été pondus sur l’assemblée, les plateformes, etc. Mais là, de fait, les gens se mettent en assemblée naturellement. Ils ne veulent pas de représentant, ils veulent l’horizontalité et que ceux qui prennent trop de place soient mis de côté. Et puis on s’en foutait que les pratiques soient illégales : on va à la manif sans demander l’autorisation, on prend le péage. La rue est à nous, le péage est à nous, « le rond-point il est à qui ? Il est à nous ! ».
Nia : C’est vrai qu’il y a eu des réflexes, mais est-ce qu’il n’y a pas aussi des façons de faire que j’ai intégrées parce que j’ai discuté avec des gens ? Je crois qu’on a aussi profité de l’influence des militants qui étaient dans le mouvement. Même à mon niveau : les quelques pratiques militantes que j’avais, je les ai amenées au mouvement, par exemple le fait de s’échanger les numéros pour pouvoir coordonner les actions. Pour moi, ce n’était pas qu’instinctif.
Esther : Pour ma part ce mouvement m’a fait changer de paradigme, ce n’est plus l’argent qui compte ou « comment faire à la fin du mois ? », ou « il faut partir en vacances, il faut avoir un niveau de vie ». Maintenant mon centre de préoccupation, c’est le bien-être autour de moi, ma famille, et tous les gens qui habitent à côté. Je suis persuadée qu’on va sortir du capitalisme, l’argent ne sera plus au centre des préoccupations. Ce travail intérieur, ça m’a menée à plein de décisions super importantes dans ma vie. Me protéger des agressions extérieures, me rapprocher de la nature, vivre de la terre, protéger les enfants. Depuis le 17 novembre 2018, à chaque fois qu’on se quitte, on se le redit : « On lâche rien », ça n’a pas bougé !
Nia : Moi j’ai commencé à militer sérieusement en 2016, quand mon mari s’est fait licencier de son usine, un licenciement économique. À partir de là, j’ai compris qu’il y avait un truc qui ne tournait pas rond, une fissure s’est créée en moi et j’ai commencé à m’informer. Je me suis sentie trahie par le deal social : on te fait croire que si tu travailles à l’école, tu vas avoir un taf et une vie décente, à tes enfants aussi… Mais tu te rends compte que c’est une grosse arnaque. Ce mouvement n’a fait qu’accélérer ma prise de conscience politique. Comprendre qu’on vit dans une grande illusion. Personnellement ma vision du monde a été carrément chamboulée, mes valeurs aussi. Mais je ne suis pas en mode protection, je suis en mode offensive ! Je me suis heurtée à un mur, la violence d’État. Alors aujourd’hui, je reprends tout à zéro : je veux que ma vie personnelle ressemble à ce que je voudrais que le monde soit, aller vers la recherche d’autonomie, revenir plus près de la nature. Mais je n’en perds pas ma colère. Si je ne suis pas en colère, je m’écroule.
Louise : Moi c’est bizarre parce que ce serait presque un peu l’inverse de vous. Je n’ai pas eu l’impression d’avoir beaucoup changé au niveau de mes idées. Peut-être parce que j’étais déjà dans un milieu militant depuis plus longtemps ? Plutôt que de m’avoir désillusionnée, ça m’a redonné des espoirs que j’avais perdus dans les luttes classiques de la gauche anarcho-syndicale. Avant les GJ, il y avait eu les manifs contre les violences policières après la mort de Remi Fraisse, puis il y a eu la loi travail, mais même s’il y a eu des actions collectives fortes, j’avais une impression de solitude. Quand on se retrouvait pour parler, on ne parlait plus. Ça m’avait complètement désespérée. J’ai vécu des moments de mutisme collectif, comme si ce qu’on allait dire était vain. On savait que de toute façon, on n’avait pas les moyens de nos espoirs. Comme j’étais dans un milieu militant hyper vigilant sur les mots, parfois aussi quand quelqu’un disait un mot de travers, allez, tout le monde lui tombait dessus. Toutes les paroles spontanées étaient étouffées. Nous les militants, on avait fini pas se faire taire, tous. Avec les GJ, putain, cette joie de rencontrer des gens avec qui on pouvait parler ! On ne se prenait pas la tête sur les détails… au point qu’on est allé loin, jusqu’à en oublier des « détails », genre que certains votaient Front national (rires). Mais c’était vachement mieux. Pour moi ça a été ça le choc des GJ, de retrouver une parole collective simple entre des gens qui se battent et qui ont choisi des modes d’action communs. Il a fallu composer avec des gens dont je me sentais très loin. Mais c’était tellement chaleureux ; une humanité qui avait complètement disparu des milieux gauchistes ordinaires. En tant que femme, j’ai trouvé que notre parole s’imposait sans problème dans les AG, et c’est souvent les femmes qui ont impulsé les actions. On n’a jamais eu à subir la vulgarité ni le sentiment de supériorité des mecs. Je me rappelle les ronds-points sous la pluie ; des fois je n’avais qu’une envie, c’était de rentrer chez moi, mais c’était hors de question. On avait dit qu’on occupait, sous la pluie, malgré les matraques et les lacrymos. Ce mouvement m’a redonné la pêche, de la vaillance à dans les actions.
Jules : Moi aussi j’étais désillusionné. Je n’en pouvais plus du milieu radical, alternatif où il y a un mouvement identitaire très fort de fragmentation. Il faut se déterminer par rapport à la race, la couleur de la peau, le genre, l’orientation sexuelle. Il y a tout un politiquement correct où tu ne peux pas dire « je ne sais pas ». Il faut être tranché. Donc je m’étais mis en retrait. J’étais reparti dans mes histoires agricoles et je ne faisais pas grand-chose. Et d’un coup, le 24 novembre, je descends dans la rue à Foix et je vois plus de mille personnes. Des gens avec des tronches pas possibles, des drapeaux bleu-blanc-rouge, des GJ, des motards, des bonnets phrygiens, avec une bande son incroyable, la Marseillaise, le Chant des partisans, Bella ciao, Patrick Sébastien, le madison (rires). C’était loin de mes histoires, mais je trouvais que les gens avaient des bonnes têtes et qu’il y avait beaucoup de femmes. Quand elles levaient le poing et qu’elles chantaient la Marseillaise, elles ne donnaient pas l’impression d’être du Front national. C’était pas la même, on sentait la rage. J’ai commencé à aller sur le rond-point de Lidl qui était occupé 24 sur 24, avec les braseros et des gens qui dormaient dans la cabane. Je ne me suis pas arrêté aux paroles pas faciles auxquelles j’étais confronté et je me suis dit : « putain il se passe un truc vraiment ». J’étais autour du brasero et il y avait un vieux briscard, chef d’entreprise de maçonnerie, et en face y avait un gitan édenté, une caricature de marlou. L’artisan commence à lui dire : « tu sais, avec la gueule que t’as, moi je t’aurais jamais parlé ! » ; l’autre ne se démonte pas et il lui rétorque: « tu crois qu’avec la gueule que t‘as je t’aurais parlé, moi ?! ». Avec leur gilet sur le dos, ils se parlaient. Il y avait les premières grandes AG à Crampagna et sur 250 personnes, je n’en connaissais pas cinq ! D’habitude dans les AG je connaissais 90% des gens. Il y avait un gars qui animait ça comme un mariage parce qu’il était DJ. Certains supportaient pas, moi je trouvais ça super bien, il disait : « Et alors la p’tite dame elle en pense quoi, et le monsieur là-bas, il en pense quoi ? ». Ça changeait, et à la fin les gens arrivaient quand même à se filer des rencards dans les manifs, à faire des actions, à régler les problèmes de thunes. À cette époque, tous les ronds-points étaient représentés dans cette assemblée : St-Girons, Lavelanet, Foix, etc. C’était l’inter rond-point avec, en plus, tous les gens qui n’étaient pas affiliés à un rond-point. Et avec des gens qui parlaient d’eux, qui se levaient pour dire : « voilà, moi je suis Rmiste, je suis galérien, et si vous croyez que je suis content d’aller chez Lidl ? Ben non, ça me fait chier, mais j’ai pas le choix ». Les gens, d’un coup, n’avaient plus honte de ce qu’ils étaient ; j’étais ému, bouleversé et je me suis fait embarquer. Inconsciemment, je l’attendais ce réveil populaire que j’avais fantasmé à une époque, avec les gauchistes – dont je suis.
Nia : Je peux compléter ce que vous dites sur la parole : le peu de temps où j’avais milité avant les GJ, c’était vraiment dans un milieu avec des codes, une façon de parler. Je savais pourquoi j’étais là mais je n’arrivais pas à m’exprimer. Avec ce mouvement, je m’y suis autorisée, parce que les gens étaient plus proches de moi. Il n’y avait pas de format, on arrivait avec ce qu’on était, pas besoin d’avoir un schéma. Plein de gens étaient là pour parler, pour casser l’isolement, pour recréer du lien alors qu’ils n’avaient pas forcément les moyens de sortir. Et on ne voulait pas de représentant parce que personne n’était légitime pour parler à la place des autres. Ça me rend folle quand j’entends dans les médias : « les GJ sont comme ci ou comme ça ». Non mon gars, il n’y a personne qui peut dire « les GJ sont… ! ». Les GJ, c’est tellement varié !
Esther : Moi j’ai un peu de mal à remettre mon gilet. Je suis repérée en tant que GJ donc je n’ai plus besoin de le porter, par contre je l’ai gardé en souvenir ! J’ai besoin qu’on rentre dans l’histoire. Aujourd’hui il y a pleins de films, d’écrits, de livres qui sortent sur nous, et même dans les « merdias » ils parlent enfin de nous ! On a été des lanceurs d’alerte. J’ai donné tous mes week-ends à cette lutte et je pense que j’ai largement fait ma part. Là je suis dans la récolte, plus que dans le message ; le message je pense qu’il est passé. Je vois plein de nouvelles personnes arriver, je suis mobilisée contre les masques pour les enfants. Mais je rêve quand même de reprendre ce péage et de redire « c’est chez nous ! » (rires). J’ai la lumière jaune dans mon cœur, comme un soleil !
Louise : Moi aussi j’avais arrêté de porter le gilet, mais avec le mouvement contre le passe sanitaire je le remets pour que les gens se rappellent, pour qu’ils puissent l’utiliser en référence au moins, comme symbole. Et ce qui nous reste aussi, c’est de l’amitié. On continuera à se voir et à trouver n’importe quel prétexte pour se voir.
Jules : Depuis trois ans je continue à être GJ et j’ai envie d’aller jusqu’au bout. Tant qu’il y aura des galères judiciaires je serai là. Mais je suis assez paumé par rapport au mouvement contre le passe, je n’ai pas encore tranché dans ma tête. Je suis en colère par rapport à ce qu’ils veulent nous imposer, mais je me demande si j’ai la force d’affronter la répression qui va s’abattre. Je suis toujours GJ mais des fois je me dis que je vais laisser ce monde pourri à ceux qui le veulent : je vais leur laisser leurs cinémas, leurs théâtres et leurs terrasses, leur culture qui est juste de la consommation. Je n’ai pas tranché : est-ce que je reprends la lutte ou est-ce que je fais juste le filou ? Mais les liens d’amitiés, pareil, ils ne bougeront pas, c’était tellement puissant.
Nia : Pour moi, le pouvoir a réussi son travail de discrédit et de terreur, mais le noyau GJ est encore là, encore actif et j’en suis fière. Il y a quelques jours je discutais avec des gens qui sont encore dans la lutte, par d’autres manières mais ils sont encore là. L’esprit de résistance n’est pas mort. Mais je reste quand même frustrée par rapport à la violence qu’on a subie : on n’a pas été assez offensif en fait, on voulait donner une bonne image, rester pacifique. Pour moi ces trois ans c’était un apprentissage, c’est une ébauche pour de futurs militants qui attendent de passer à un cran supérieur. Il faut faire exploser les illusions dans lesquelles on nous maintient, comme les illusions en moi ont explosé avec les GJ.
Discussion transcrite et mise en forme par PEG et Ga, août-septembre 2021
Broderie : Marjorie Calle
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