brèvesNuméro 15 régional

Toulouse. Racheter collectivement la Chapelle

Le 4 juillet 1993, l’association Planète en danger investit la Chapelle Jeanne d’Arc, à l’issue d’une action de rue pour dénoncer la mainmise de la promotion immobilière sur l’aménagement de la ville. L’association diocésaine, propriétaire du lieu, ne l’entretient plus. Le lieu se dégrade. L’équipe de Planète en danger passe ce premier été à refaire le toit, nettoyer le jardin… et retrouve au milieu de tout cela beaucoup de cahiers : les poèmes de Jiri Volf, poète tchèque, réfugié à Toulouse depuis le début des années 70, qui a notamment enseigné à l’université de Toulouse Jean-Jaurès, mais qui avait sombré au fil des ans dans une désespérance solitaire. Il avait écrit que la Chapelle, où il a fini ses jours, était « l’atelier idéal ». Dans le respect de la mémoire de cet espace, l’association Atelier Idéal est alors créée pour faire de cet îlot un refuge de création et de confrontation, opposant la poésie à la marchandise, déambulant à la recherche d’une ville à vivre et non à consommer.

Pendant trente ans, la Chapelle a ainsi accueilli des milliers de groupes et d’événements tout en conservant son autonomie : des compagnies de théâtre et des soupes populaires, des antinucléaires et des goûters punk, des lectures poétiques et des assemblées de luttes, des rencontres anti-carcérales et des groupes queers, des comités de soutien aux ZAD d’ici et d’ailleurs, des luttes pour le droit à la ville et des féministes, du soutien aux réfugié·es et des squatteur·euses, sa librairie autogérée et sa fête du livre, son Noël des Enfants perdus où se côtoient habitué·es du lieu, mineurs étrangers et personnes isolées du quartier.

Après avoir résisté à maintes tentatives d’expulsion par l’archevêché (en 2006-2007), et après de longues années d’âpres négociations avec la mairie de Toulouse (devenue propriétaire en 2009), la Chapelle obtient enfin sa pérennisation en 2018 : un bail emphytéotique de 40 ans est signé ainsi qu’une promesse de vente à 100 000 euros ! Si vous avez envie que perdure un espace commun au service des luttes et de l’imaginaire collectif, participez à la collecte  !

La cagnotte est en ligne sur Hello asso, « Rachetons collectivement la Chapelle ! ».