Marienia, jusqu’à la victoire
Pays basque
La tension monte d’un cran au Pays basque autour du projet d’artificialisation de 3,7 hectares de terres agricoles à Cambo-les-Bains, convoitées par Bouygues pour y construire un parc de 94 logements. En 2009 le notable d’alors (et aujourd’hui maire de la commune), Christian Devèze, exprime son désir d’urbaniser le plateau de Marienia sur la demande du représentant des propriétaires, son ami et coprésident de l’Aviron bayonnais, Francis Salagoïty1. À l’époque, l’édile en place, Vincent Bru, justifie ce projet de bétonisation en évoquant la création d’une zone artisanale communale qui accompagnerait le programme immobilier d’une centaine de logements. Dix ans plus tard, la communauté d’agglo rend les terres de Marienia constructibles… et la ZAC a disparu, ne laissant plus qu’un projet immobilier lucratif dont le foncier est estimé à trois millions d’euros. Mais dans ce secteur où la situation des paysan·es est difficile, et les terres agricoles permettant les installations rarissimes, des habitant·es et militant·es entendent bien les aider à garder leur outil de travail.
Au fil des années, les opposant·es se sont organisé·es au sein de plusieurs collectifs aux méthodes d’action différentes mais qui travaillent aujourd’hui de concert2 pour contrer le projet. Le collectif des associations pour la défense de l’environnement (CADE) a porté un recours administratif, a perdu en première instance mais compte bien faire appel. De son coté, le collectif Ostia (Okupazio sare tematsua irabazi arte, pour « réseau d’occupation déterminé jusqu’à la victoire ») a choisi des méthodes plus directes, comme le 10 décembre 2022, lorsqu’ils et elles ont déversé de la paille et de la terre sur une maquette du projet et sur le sol de l’agence Bouygues. Quatre militant·es ont été poursuivi·es pour « dégradations commises en réunion » dont deux pour refus de prélèvement ADN. Même pas peur, le collectif ne baisse pas les bras et multiplie les appels à défendre la zone si les travaux devaient commencer. Le 10 avril dernier, des opposant·es ont empêché la tenue du conseil municipal pendant deux heures, à grands renforts de cloches et de bâtons. La soirée s’est terminée par une bousculade et le maire s’est retrouvé le cul par terre. Trois personnes ont été arrêtées le 2 octobre puis relâchées, avec un procès prévu le 10 février prochain. Affaire à suivre…
- Pour plus d’infos : « Marienia, un feuilleton désastreux » sur www.mediabask.eus.
- En témoigne la journée d’action inter-collectif contre le projet du 25 mai denier qui a réuni les associations CADE, ELB, ELB Gazte, Lurzaindia, Nahi Dugun Herria, et le réseau OSTIA.
