Numéro 14 régional

Soutenir la colonisation, assoiffer les Gazaouis

L’association Couserans Palestine a subi des interdictions de manifester comme partout ailleurs. Mais ici, c’est même leur action de solidarité avec Gaza qui s’est vu empêchée. Selon François Pommier, « depuis 2019 nous avons choisi de privilégier la création de mini-stations de désalinisation pour offrir de l’eau potable à la population locale ». Une première station voit le jour en 2019 puis une deuxième en 2020. « Nous n’avons pas eu de problèmes pour régler nos factures avec notre banque, la Banque Populaire du Sud, et ce jusqu’au début de l’année 2021 ». Quelques mois plus tard, celle-ci refuse tout à coup de nouveaux virements, et l’association est obligée de changer d’établissement, en allant au Crédit Mutuel, qui autorise un premier virement. Mais en octobre 2023, le directeur de leur agence menace tout à coup de fermer leur compte et refuse leur argent liquide. Malgré une médiation avec la Banque de France, le directeur refuse d’effectuer leurs virements vers Gaza. L’association est alors contrainte de « contourner avec un compte en Allemagne, ou prochainement avec un compte en Angleterre et à Oman ». Ainsi, même en plein bombardements israéliens, l’association a réussi à financer « plusieurs semaines de distribution d’eau par camion-citerne ».

Pendant ce temps, BNP Paribas, la Société Générale, le Crédit Agricole et Banque Populaire – Caisse d’Epargne (BPCE) sont dans le haut du classement des 672 institutions financières européennes qui ont financé des entreprises qui participent activement au développement des colonies israéliennes, pour un total de 255 milliards de dollars (1). En regard, un virement de 10 000 euros de Couserans Palestine pour donner de l’eau potable à la population gazaouie paraît bien dérisoire… François Pommier n’en revient pas : « C’est inimaginable et insupportable comment on traite les associations qui essaient de donner un tout petit coup de main contre la catastrophe en cours ».

1 : Médiapart, 03/10/2021.