Numéro 15 régional

<r.a.f. >

photo floue de paysage, on distingue des toits d'habitation et des collines

j’en ai rien à foutre de la question sociale

j’en ai rien à foutre de la question raciale

je me demande seulement

comment les désosser de ma chair société

l’héritage de mon adn poubelle

 

à l’ombre des baobabs

l’éclat des ancêtres rugit derrière

mes enclos

occupée à reconstruire un monde

que je hais, le défaire me fait des nœuds aux os

 

l’illusion de l’action directe

ils disent : la violence est-elle nécessaire ?

qui a encore le temps

pour cette question de boloss

je wanda : à quelle heure notre violence ?

 

c’est dans cette brèche que je veux combattre

perdre le sens de la mesure des équilibres imposés

 

j’idéalise pas grand-chose,

juste le monde en pratique

les luttes pauvres, noires et rouges

je fonds par vous, , , pour nous

 

comment s’autodéfendre, ,, ,

   poser des bombes avec des mots ?

Comment tuer le flic,, ,, ,,

   suicider le bourgeois en moi ?

 

Comment ça va ? On est là hein

boulet de canon scié, ma tempe trouée de souvenirs

 

l’amour des bas-fonds, mes bidonvilles

les spectres des révolté·es hantent

les communes, le béton, mes draps, , ,

de ta rage dont sont tissés mes rêves

 

   ça pue encore le venin j’y peux rien

   la rumeur de ta libération est proche

 

c’est une enveloppe qui fait tout craindre

le soulèvement des divinités de la rue

 

les éclopé·es, les putes, les barbares

en naïveté

les klaxons dans brazza c’est la cacophonie

 

   en résistance des gilets noirs

   colère dans molards

   poussiéreux d’espoir.

 

Douce Dibondo

infra/seum, une poésie fâchée avec tout le monde

éditions blast

photo : lise