Manifester, bloquer… s’assembler ?
Ça craque de partout, ça bouillonne. De Santiago à Bagdad, des soulèvements, des émeutes, des manifs monstres ont toujours lieu aux quatre coins du globe. En France, les grèves s’enchaînent, les mouvements se succèdent. Après avoir été ébranlé par des mois de contestation en gilets jaunes, l’hexagone est encore monté en pression ces trois derniers mois. Des grèves historiques ont secoué le pouvoir, qui tient bon en se réfugiant derrière des milliers de CRS.
Dans l’Aveyron, comme partout, c’est une myriade d’actions, de manifs, de rassemblements et d’initiatives qui ont émaillé ce mouvement qui luttait pour l’annulation de la contre-réforme des retraites, mais aussi pour faire vivre de nombreuses luttes : celle des lycées contre le bac inégalitaire, celle des hôpitaux contre la gestion par les chiffres, celle des chômeurs contre le recul des indemnisations, celle des postiers contre les licenciements, etc.
La mobilisation n’a pas suffit, pour l’instant, à faire plier la macronie. Mais ce qu’il s’est passé est réjouissant pour la suite du programme. Certes, les manifestations ont été énormes. À Rodez, on a pu voir jusqu’à 8000 manifestant-es ! Les grèves ont réussi à tenir sur une longue durée, que ce soit du côté du rail ou d’Enedis. Mais c’est aussi en dehors des cortèges massifs et des piquets de grève qu’on a pu voir de jolies choses. Comme ces actions lancées chaque semaine par l’assemblée de lutte départementale, réunissant syndicalistes, gilets jaunes et militant-es divers : mise en place d’un cortège dynamique et des poursuites en manif sauvage, organisation de blocages de rond-points comme ce 17 décembre à Calcomier, ou du dépôt de bus de l’agglo le 14 janvier, la perturbation des vœux de Mazars le 17, une manif aux flambeaux à Rodez le 24, etc.
Les syndicalistes ont également initié de nombreuses actions, comme le blocage du centre de tri de la poste, les collectes de bouffe de la Conf en soutien aux grévistes du rail, le dépôt des outils des cheminots devant la gare ou le blocage des véhicules d’intervention d’Enedis sur tous les sites aveyronnais. Sans oublier les actions des profs et lycéens pour empêcher le bac avec le blocage du lycée de Millau par 300 personnes le 28 janvier, l’occupation des locaux de la DDT le 30 janvier par la Confédération Paysanne, la manif aux flambeaux d’Espalion le soir-même, les hospitaliers de Rodez qui jettent leur blouse ou les avocats qui balancent leur robe…
À chaque action, chaque manif, chaque rencontre sur les piquets de grève, gilets jaunes, syndicalistes et militant-es se rejoignent. Des liens se créent, on se reconnaît, on se sourit, on se tape dans le dos. C’est sûrement ces moments-là les plus précieux, de ceux qui fédèrent au-delà des clichés et des étiquettes : quand des dizaines de militant-es de tous bords viennent soutenir les militant-es convoqués au commissariat de Rodez le 23 janvier (cf. p 4), quand les locaux d’Enedis accueillent des dizaines de gilets jaunes et syndicalistes pour casser la croûte avec les électriciens et échanger sur la façon de converger… et de couper le courant. Ou encore quand l’assemblée de lutte du mardi à Floyrac finit par réunir une quarantaine de personnes, gilets jaunes, syndicalistes de Solidaires et de la CGT, militants du NPA et d’ailleurs… Assurément, il y a des défaites qui préparent les victoires.
Dans l’Aveyron, comme partout, c’est une myriade d’actions, de manifs, de rassemblements et d’initiatives qui ont émaillé ce mouvement qui luttait pour l’annulation de la contre-réforme des retraites, mais aussi pour faire vivre de nombreuses luttes : celle des lycées contre le bac inégalitaire, celle des hôpitaux contre la gestion par les chiffres, celle des chômeurs contre le recul des indemnisations, celle des postiers contre les licenciements, etc.
La mobilisation n’a pas suffit, pour l’instant, à faire plier la macronie. Mais ce qu’il s’est passé est réjouissant pour la suite du programme. Certes, les manifestations ont été énormes. À Rodez, on a pu voir jusqu’à 8000 manifestant-es ! Les grèves ont réussi à tenir sur une longue durée, que ce soit du côté du rail ou d’Enedis. Mais c’est aussi en dehors des cortèges massifs et des piquets de grève qu’on a pu voir de jolies choses. Comme ces actions lancées chaque semaine par l’assemblée de lutte départementale, réunissant syndicalistes, gilets jaunes et militant-es divers : mise en place d’un cortège dynamique et des poursuites en manif sauvage, organisation de blocages de rond-points comme ce 17 décembre à Calcomier, ou du dépôt de bus de l’agglo le 14 janvier, la perturbation des vœux de Mazars le 17, une manif aux flambeaux à Rodez le 24, etc.
Les syndicalistes ont également initié de nombreuses actions, comme le blocage du centre de tri de la poste, les collectes de bouffe de la Conf en soutien aux grévistes du rail, le dépôt des outils des cheminots devant la gare ou le blocage des véhicules d’intervention d’Enedis sur tous les sites aveyronnais. Sans oublier les actions des profs et lycéens pour empêcher le bac avec le blocage du lycée de Millau par 300 personnes le 28 janvier, l’occupation des locaux de la DDT le 30 janvier par la Confédération Paysanne, la manif aux flambeaux d’Espalion le soir-même, les hospitaliers de Rodez qui jettent leur blouse ou les avocats qui balancent leur robe…
À chaque action, chaque manif, chaque rencontre sur les piquets de grève, gilets jaunes, syndicalistes et militant-es se rejoignent. Des liens se créent, on se reconnaît, on se sourit, on se tape dans le dos. C’est sûrement ces moments-là les plus précieux, de ceux qui fédèrent au-delà des clichés et des étiquettes : quand des dizaines de militant-es de tous bords viennent soutenir les militant-es convoqués au commissariat de Rodez le 23 janvier (cf. p 4), quand les locaux d’Enedis accueillent des dizaines de gilets jaunes et syndicalistes pour casser la croûte avec les électriciens et échanger sur la façon de converger… et de couper le courant. Ou encore quand l’assemblée de lutte du mardi à Floyrac finit par réunir une quarantaine de personnes, gilets jaunes, syndicalistes de Solidaires et de la CGT, militants du NPA et d’ailleurs… Assurément, il y a des défaites qui préparent les victoires.
NB : Les postiers de Cassagnes l’ont remporté après plus de 37 jours de grève et le blocage du centre de tri d’Onet à plusieurs reprises, épaulés par des syndicalistes et gilets jaunes venus en soutien. La direction, sans pitié, voulait supprimer des postes de facteurs et donc durcir encore les conditions de travail, responsables des nombreux suicides parmi les employés de l’entreprise.
Vers un second round de la grève ?
Le 9 février, une coordination nationale des Assemblées interprofessionnelles s’est tenue à Paris, pour organiser ce mouvement social à la base. On avait une espionne sur place, voici son petit compte-rendu à chaud.
Quatre-vingt personnes mandatées ou non, se sont réunies pour cette 3ème coordination nationale interprofessionnelle au local de Sud rail, dans le 17ème. Ils et elles représentaient en majorité des assemblées de région parisienne, mais pas seulement : présence des interpro de Grenoble et Troyes, des Gilets jaunes de Rouen, et aussi des camarades de Perpignan, Montpellier, Lille et Nancy par Skype. Par secteur et par région, on fait un bilan de la mobilisation, des réussites et des difficultés. Le débat tourne principalement autour de comment lancer « la possibilité d’une deuxième mi-temps, où on gagne le match à la fin ! ».
Deux enjeux principaux sont mis sur la table. D’abord, renforcer la coordination nationale interpro par la base car l’intersyndicale coupe l’herbe sous le pied des grévistes avec la date du 20 février, alors que des syndicats de la RATP avaient déjà annoncé un lundi noir pour le 17 février (première journée du débat parlementaire). Ensuite, comme l’a énoncé l’AG interpro de Grenoble, « faire remonter la lutte contre les retraites qui a servi de catalyseur, même si on a tous d’autres bonnes raisons de lutter dans nos secteurs ».
Plusieurs prises de parole concernent cette date du 17 février : « Y’avait une occasion très importante, est-ce qu’elle est complètement gâchée ? Parce que appeler au 20, y’a un seul mot pour ça, c’est du sa-bo-tage !» (…) « L’intersyndicale s’essuie les pieds sur la proposition de la RATP et sur la mobilisation ». D’autres abondent dans ce sens en rappelant qu’ils et elles avaient encore au travers de la gorge le coup du 9 janvier où les centrales syndicales, sans parler de trêve de noël, avaient laissé les grévistes de la RATP et de la SNCF sans date de mobilisation nationale pendant trois longues semaines…
Giletjaunisation et répression
Nous faisons le bilan des dates retenues par secteur. Les hospitaliers appellent au 14 février, jour de la saint Valentin « pour l’amour de l’hôpital public ». Les travailleurs sociaux dont certains bossent dans les hôpitaux publics veulent amener les blouses blanches à les rejoindre le 17 février pour élargir la lutte vers la contre-réforme des retraites. Les Gilets Jaunes (GJ) appellent à bloquer le périph parisien pour le 75ème acte le samedi 22 février. D’ailleurs, plusieurs mandatés, GJ et/ou syndicalistes ont revêtu leur gilet dans l’assemblée.
D’autres témoignent de l’effet des GJ sur le mouvement social en cours : « Ils nous ont apporté un côté moins cadré, en tant que militants depuis longtemps, avec nos habitudes nos réflexes, ça nous bouscule, ça nous incite à faire des choses plus… pas violentes, pas casser… mais bref plutôt que de toujours la subir la violence… ». Les travailleurs de la propreté de Paris interviennent, ils veulent le retrait de la contre-réforme de retraites, mais aussi une « remunicipalisation » totale de la collecte. Celle-ci est à moitié gérée par des entreprises privées qui remplacent en ce moment les tournées des grévistes du public. Les camarades de la propreté appellent donc à venir massivement bloquer les garages privés dès le lendemain, pour lancer une « guérilla poubelles »! Plusieurs enseignant.e.s et profs témoignent au nom des coordinations nationales éducation (1er et 2nd degré, 18 villes représentées, ainsi que La Martinique par téléphone où 95% des lycées sont bloqués) et lycéenne qui se sont tenues la veille. La répression qui s’abat sur celles et ceux qui tentent de bloquer des épreuves du bac E3C est hallucinante (lycéens enfermés dans leur lycée, surveillés par des policiers, gardes à vue, menaces, convocations disciplinaires). Environ 30% des épreuves ont été annulées ou reportées. À la rentrée, les rectorats ont très peu de temps pour refaire passer les épreuves, donc il faut être nombreux.ses à bloquer, pour faire passer le message : « Tout le monde est contre votre gueule ! ». Les coordinations éduc et lycéenne reprennent l’appel des facs en lutte : à partir du 5 mars, on arrête tout, « un vrai truc de la maternelle à l’université ».
Une stratégie pour gagner ?
Puis on se pose la question de s’appuyer sur ces rendez-vous pour préparer un nouvel élan et converger sur une date de grève générale, celle du 16 mars lancée par l’AG éduc de l’Est parisien : « Est-ce que le 5 mars ne serait pas un nouveau 5 décembre ? Pour commencer la semaine noire par une journée noire : comment est-ce qu’on envoie un signal ? Avec une montée nationale, avec des cars, des trains, des J9, des machins, en partant de l’embryon de ce qu’on est, est-ce qu’on pourrait pas faire une énorme coordination nationale ? ». « On a éprouvé la grève reconductible, on a éprouvé l’auto-organisation, on a la légitimité pour appeler au 16 mars en grève, pour proposer le redémarrage du mouvement : les cheminots, les enseignants, les dockers, tous ensemble ! ». Ça laisse un bon mois pour remobiliser dans chaque secteur et alimenter les caisses de grève. L’idée « d’une deuxième phase, d’une deuxième mi-temps, de faire un rebond » est dans toutes les têtes, avec la volonté de tenter quoi qu’il arrive : « Si cette semaine noire du 16 est grise, ou devient verte à pois jaunes, et bien elle deviendra noire plus tard, on a de l’endurance ! ».
L’appel de la coordination est relu à plusieurs reprises avec quelques points de discussion dont celui d’ajouter quelque chose sur la non-violence … qui sera vite balayé ! (6 pour, 10 abstentions, 59 contre). On reprend rendez-vous pour le 23 février. Les un.e.s et les autres s’attardent et échangent contacts, rendez-vous, groupes Whatsapp, Telegram et Signal. Au boulot camarades !
Dernière minute : Une nouvelle coordination s’est donc tenue le 23/02, avec une quarantaine d’AG et de syndicats représentés. On peut citer en vrac la CGT Énergie Paris, la coordination RATP/SNCF, les bibliothèques en lutte, la CGT de la raffinerie de Grandpuits, l’interpro de Grenoble, l’interpro de Gironde, etc, etc. La coordination a gardé la même ligne : « Même si Macron n’a pas retiré la loi sur les retraites, le mouvement social historique qui a commencé le 5 décembre n’a pas dit son dernier mot. Il est temps de se doter d’un plan de bataille, et en ligne de mire, préparer les conditions d’une grève générale indispensable pour faire plier Macron et la classe dirigeante ! »
La Chamelle
Cheminots en lutte contre SNCF en miette
À la SNCF, la grève historique qui a duré plus de 50 jours rappelle les plus grands moments des luttes cheminotes. Après la mobilisation de 2018 contre l’ouverture à la concurrence, la contre-réforme des retraites accompagnée de l’extinction du statut de cheminot fait très mal au ventre. Rencontre avec la CGT-Cheminot de Capdenac-Gare.
Depuis le 5 décembre, les AG reconduisant la grève de jour en jour ont rythmé la vie des cheminots. Pour Gilles Tillet, conducteur et responsable CGT, cette mobilisation a donné lieu à une formidable solidarité : « Certains jours, on manifestait à Figeac ou Rodez, d’autres fois on est allé soutenir TSI, une entreprise du coin en cessation de paiement. Puis on est allé prêter main forte à des réfugiés. Ensuite, ce sont les camarades de la Confédération Paysanne qui nous ont énormément soutenu grâce à leurs dons de nourriture. Toute ces liens, ça fait chaud au cœur ».
Loin de cette fraternité, le gouvernement semble obsédé par la privatisation du rail. Il a transformé les chemins de fer en une société anonyme à capitaux publics, qui devra se serrer la ceinture pour faire face à la concurrence prévue pour 2021. Ainsi depuis le 1er janvier : exit les embauches au statut de cheminot qui garantissaient une carrière, une protection contre les licenciements économiques ainsi qu’un régime de sécu et de retraite spécifique. Désormais, les salarié.e.s seront embauchés avec les mêmes contrats que dans le privé. Et si en plus, comme le suggère Jean-Pierre Farandou, nouveau patron de la SNCF, il.elle.s pouvaient avoir « plus de souplesse dans leurs postes », ça serait vraiment sympa. Ainsi les conducteur.trice.s pourraient peut-être eux.elles-mêmes gérer la sécurité des voies avant de démarrer leurs trains…
« Quand on se lève à 5 heures du mat’ pour bosser, c’est pas juste pour un salaire. C’est parce qu’on est content de transporter des gens et de faire rouler des trains. On œuvre pour un service public qui est un bien commun », poursuit le syndicaliste. Ainsi, les guichets clos, les trains sans contrôleurs et les automates à billets ne sont que la face visible d’un sabotage organisé ainsi que le symbole de la déshumanisation des professions du rail.
À l’heure où Gilles et ses camarades reçoivent leur bulletins de salaire amputés de plusieurs centaines d’euros, il.elle.s sont écœurés que la direction ait versé des primes à certains non-grévistes pour les remercier de leur « professionnalisme », et de leur « grande disponibilité ». Sans vergogne, la SNCF « assume l’attribution de primes exceptionnelles à certains agents qui se sont mobilisés […] pour assurer la continuité du service public pendant la grève ».
Louer le service public pour aller cracher sur ceux.celles qui justement le défendent, ce n’est pas seulement de l’hypocrisie, c’est du cynisme le plus abject.
Pour soutenir la caisse de grève : Envoyez vos chèques libellés à l’ordre de la Cgt-Cheminot, au 2 rue Victor Hugo, 12700 Capdenac-Gare.
Le B.
En bref…
Dans le viseur… des smartphones
Jeudi 9 janvier, un policier parisien tire au LBD40 (flashball) à bout portant sur un manifestant alors que le cordon de flics n’est pas en danger. L’homme visé tombe au sol immédiatement. Jusqu’à ce jour, il n’y pas eu de plainte déposée et on est sans nouvelle de cette personne. Face aux violences policières impunies, les réseaux sociaux deviennent des outils pour collecter des informations et des vidéos qui contrecarrent les mensonges de l’IGPN. Ainsi, une longue séquence vidéo est rendue publique au lendemain du 9/01, où l’on voit ce policier tirer à bout portant après avoir menacé la personne, puis tirer à nouveau sur un autre manifestant, avant de dire au blessé « Tu en veux encore ? ». Cette vidéo révèle non seulement le sang-froid et la haine de ce policier mais aussi le numéro RIO (référentiel des identités et de l’organisation) de ce dernier. L’IGPN ne pourra pas se cacher derrière le prétexte -courant- d’incapacité à identifier le responsable : ici il s’agit du policier au n° RIO 1299375. Serait-ce la goutte de trop ? Macron annonce cinq jours plus tard « des propositions claires pour améliorer la déontologie des forces de l’ordre ». Loin de nous l’idée de lui accorder un brin de confiance mais on peut y voir des difficultés à maintenir le voile sur ces violences policières, face à une mise en réseau des témoignages des manifestant-e-s. En attendant, la police présente dans les manifs conserve la même déontologie du mépris, de la brutalité et de l’impunité.
Chehr !
À Bordeaux, un syndicaliste CGT Énergie a été placé en garde à vue suite à la manif du 9 janvier. Après un rassemblement de soutien, ses camarades électriciens ont envoyé un message aux condés : l’hôtel de police a été plongé dans le noir ! Pendant ce mouvement, nombreuses ont été les actions de coupure d’électricité revendiquées par la CGT : matchs du rugby du Top 14, centre-villes en Occitanie, zones commerciales à Aix, Lille ou Plan de Campagne, siège de la CFDT en Île-de-France, foyers privés sur Argelès, Perpignan, Narbonne, Bordeaux, Nantes, Orléans, actions ciblées sur des mairies, des sous-préfectures, des rectorats, des centres des impôts, des gares ! La répression ne s’est pas fait attendre pour calmer les ardeurs des plus courageux. ÉNEDIS et RTE ont déposé plainte automatiquement pour intrusion dans les ouvrages électriques et manœuvres non autorisées sur le réseau. La ministre des transports a annoncé la mise en place de peines spécifiques pour décourager ce type d’actions. Le 19 décembre, la Justice a fait pression en envoyant le Secrétaire général de la CGT Énergie de Lille passer quelques heures en garde à vue, accusé d’avoir encouragé les coupures de jus. Fin janvier, deux cgtistes sont interpellés à domicile et gardés à vue pour mise en danger d’autrui suite à une coupure ayant touché l’usine Seveso Interspray de Neuvic (Dordogne). D’autres agents subissent le même traitement à Orléans, Périgueux ou Bordeaux. Mais puisque envahir les rues ou cesser de travailler ne fait plus plier le gouvernement, ces actions directes sont à encourager. Imaginons une grève illimitée de l’ensemble du secteur de l’énergie, multipliant les coupures d’électricités de façon simultanée aux quatre coins du pays…
Le Caillou de Rodez
Revigorés par la révolte en cours, les gilets jaunes de Rodez ont sorti un journal papier à quatre reprises depuis décembre, tiré à plusieurs milliers d’exemplaires : « Le petit Caillou ruthénois ». Distribué notamment dans les manifs, le canard rappelle dans son numéro 4 ce chiffre notable : la part de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté est passée de 13,4% en 2007 à 14,7% en 2018, soit 9,3 millions de personnes, pendant que le nombre d’ultra-riches continuait d’augmenter en flèche. Soit « un ruissellement en marche, mais à l’envers, du bas vers le haut » ! À lire dans ce même numéro, l’ interview d’un certain Gaston, qui avoue en plein chahut des vœux du député Mazars, en « avoir marre de cette bande d’imbéciles qui nous gouvernent. (…) Ils nous font des réformes pour privatiser les services publics, engraisser ceux qui sont déjà bien gras et presser le citron de tous les autres ! Au lieu de parler de solidarité, ils parlent de compétition, de toujours gagner plus, d’écraser le voisin ». Alors quand Le caillou lui demande s’il croit que « ça va péter », Gaston répond : « Je le crains et je l’espère à la fois » car « ça peut tourner très mal avec des cons à la Zemmour ». Raison de plus pour semer de nombreux petits cailloux…
La préfète de l’Aveyron enclenche la répression judiciaire
Fin janvier, la police ruthénoise a reçu ordre de convoquer à tout-va pour mettre la pression sur le mouvement et éteindre les velléités d’action locales. Des militant-e-s sont mis en cause pour blocage de ronds-points et du dépôt d’Agglobus, et entendus pour la tentative d’occupation de la mairie le 5 décembre. Un communiqué intitulé « La place des militants politiques est dans la rue, pas dans les commissariats ! » a été diffusé et signé par la CGT, la Conf, la FSU,le NPA, le SNEP12, le PCF, Solidaires, Sudéduc12 et l’UCL. Il dénonce également les menaces d’amendes lors de diffusion de tracts ou les interventions policières agressives à plusieurs reprises. « Partout en France, c’est devenu la seule réponse du gouvernement : attaquer judiciairement des syndicalistes, mettre des lycéens en garde à vue ou envoyer des gilets jaunes en comparution immédiate et user sans restriction de la matraque, des gaz lacrymogènes, des flashballs LBD ou des grenades explosives qui ont fait tant de blessés et de mutilés depuis plus d’un an.(…) Localement, nous exigeons un arrêt de toutes les poursuites envers les manifestants qui ont participé aux diverses actions depuis le début du mouvement.»
Des cabanes et des maisons du peuple !
En plus les cabanes de gilets jaunes encore bien présentes à Rodez ou Millau, depuis plusieurs mois c’est une « Maison Populaire Citoyenne » qui s’est installée à Villefranche de Rouergue, route de Farou. « Un espace collectif et autogéré » dans un hangar mis à disposition, une salle de 200m2 à ce jour investie et une nouvelle partie de 300m2 en cours d’aménagement. Au programme : débats, conférences, projections, portes-ouvertes les dimanches (11h-16h), groupe de paroles pour les femmes victimes de violence (2ème samedi de chaque mois), atelier de réparations d’électroménagers, d’écrivain public ou de Reiki, un coin enfants et un projet d’atelier mécanique : promis on reparlera de tout ça !
+ d’infos : www.maison12200.wixsite.com/populaire-citoyenne ou maisondupeuple12200@gmail.com
Humour préfectoral
Catherine Sarlandie de la Robertie (sic) est préfète de l’Aveyron. Elle sait sortir de bonnes blagues. On a beaucoup rigolé lorsque, à propos du blocage des bus de Rodez le 14 janvier, elle dénonce sur son compte twitter une « action qui n’était pas déclarée ». Son humour a un tel succès qu’elle en remet une couche lors de l’occupation des locaux de la DDT le 31 janvier, en parlant d’une « manifestation non-déclarée ». Remarque, elle tient peut-être une bonne idée macroniste : instaurer une amende pour « action non-déposée en préfecture » ?
Les grévistes de l’Amassada
On n’oublie pas les différentes tentatives des militant-es de l’Amassada pour bloquer le chantier du giga-transformateur à Saint-Victor lors des journées de grève, profitant de la dispersion des flics aux quatre coins de la région. Plusieurs d’entre eux passaient en procès le 11 mars, pour s’être opposés à ce projet nuisible.