Numéro 7

La police a un métier, ça crève les yeux

2020 n’échappe pas aux habitudes : la police blesse, mutile, assassine. Les centaines de vidéos et de témoignages de la brutalité policière restent sans effets. La liste macabre des victimes s’allonge encore et encore. Un jeune meurt dans un quartier, un manifestant se fait arracher un œil ou une main. Et tout le monde, de plus en plus, déteste la police.

Mort par étouffement
Le 3 janvier à Paris, Cédric Chouviat, la quarantaine, est contrôlé par la police pour avoir téléphoné en conduisant son scooter. Lors de l’interpellation, l’homme ne se démonte pas, il râle contre les bleus, veut les filmer avec son portable. Le ton monte, la police plaque Cédric au sol en utilisant la technique du « plaquage ventral ». L’homme privé d’oxygène fait un malaise cardiaque et décède peu après… Ainsi, la fatale ritournelle se répète. La mauvaise presse et l’IGPN tentent de justifier la bavure par un comportement rebelle, une conduite sans permis. Le parquet de Paris fait état d’une fracture du larynx et non d’un étouffement. Il ouvre une information judiciaire pour homicide involontaire ce qui écarte complètement le scénario de mise à mort. Pourtant, encore une fois, la police assassine, les vidéos des passants en témoignent. Le parquet se garde bien de communiquer sur les vidéos du téléphone de Cédric et de la go-pro de la police. Un scénario, ça s’orchestre. La technique du plaquage ventral n’en est pas à sa première victime, la Cour Européenne des Droits de l’Homme a même condamné la France pour cette pratique. Cédric vient se rajouter à cette liste de décès par immobilisation « par pliage » :

  • 2003 : Mariame Getu Hagos, 24 ans. Mort à la suite d’un « pliage prolongé de la tête sur le cou et le thorax ».
  • 2007 : Lamine Dieng, 25 ans. Asphyxié par plaquage ventral
  • 2008 : Abdelhakim Ajimi, 22 ans. Asphyxié lors d’un contrôle avec plaquage ventral et clef d’étranglement.
  • 2009 : Ali Ziri, 69 ans. Immobilisé, les genoux et le thorax compressés contre les cuisses, il fait peu après un arrêt cardiaque.
  • 2012 : Wissam El Yamni, 30 ans. Mort à la suite d’un pliage.
    ⁃ 2016 : Adama Traoré, mort le jour de ses 24 ans par plaquage ventral.

Le nouveau western
Dans la nuit du 8 au 9 janvier à Rennes, une femme de 21 ans et un homme de 23 ans sont renversés par un véhicule de la police alors qu’ils traversent sur un passage piéton. Elle décède, lui est gravement blessé. Le procureur précise que le chauffard n’était pas bourré. Le conducteur est simplement policier, dans un État policier, où tous les dérapages et méfaits restent protégés et impunis, et nombreuses sont les vies fauchées par des voitures de police ces dernières années.

Preuve à l’appui
En novembre dernier, c’est une étude scientifique menée dans les services d’ophtalmologie des CHU français qui totalise le nombre de blessés oculaires (énucléés, fractures orbitales, lésions cérébrales). Le résultat est accablant, mettant en évidence la violence de la répression sur le mouvement des Gilets Jaunes : 43 blessés par des armes non-létales depuis 2016, mais 40 rien que sur la période 2018-2019 et une vingtaine d’éborgnés. Trente-cinq ophtalmologistes ont écrit à Macron pour dénoncer l’utilisation du LBD entraînant une « épidémie de blessures oculaires gravissimes ». Mais le shérif Macron a de nouveau fait le mort. Celui qui a ordonné à sa police de tirer dans le tas, sait que c’est notamment grâce aux 13 000 balles de LBD envoyées sur les manifestant-es depuis le 17 novembre 2018 qu’il est encore à l’Élysée aujourd’hui.

Désarmons les !
Une étude a été réalisée par le site Bastamag sur les 676 personnes décédées de 1977 à 2019 à la suite d’une intervention des forces de l’ordre en France, dont 77 du fait d’agents en dehors de leur service. Parmi les chiffres compilés : « 70 décès sont liés à un malaise ou une asphyxie », « parmi les 412 personnes tuées par balles, 235 n’étaient pas armées », « les armes dites« non létales » (taser, flashball, grenades) sont à l’origine de 14 morts », « 268 personnes ont perdu la vie en fuyant les forces de l’ordre et 183 décès ont eu lieu à la suite d’une interpellation », « 82 personnes sont mortes alors qu’elles étaient en état d’arrestation dans un commissariat ou une gendarmerie, ou lors de leur transfèrement alors qu’elles venaient d’être interpellées ». Source : www.bastamag.net, rubrique webdocs.