Numéro 12 régional

FEU !

En 2020, nous étions gaiement parti-es à l’assaut de La Dépêche. Nous voilà désormais sur une zone de diffusion où trois groupes monopolisent chacun la presse écrite sur un vaste territoire. Trois empires, deux familles et une fondation alliée à des banquiers, des centaines de millions de chiffres d’affaires. Des organes de presse proches des pouvoirs locaux, où la publicité a remplacé l’investigation. Une presse sans panache, triste et fade, où les compte-rendus sans intérêts et les faits divers ont pris le pas sur le reste. Pourtant leur force de frappe est considérable. La famille Baylet et ses dix quotidiens et hebdomadaires (dont La Dépêche, Midi Libre, L’Indépendant) diffuse 360 000 exemplaires chaque jour ; presque autant pour la famille Lemoîne (dix publications dont Sud Ouest), ainsi que pour le groupe Centre France (dix-sept titres dont La Montagne et Le Populaire).

« Gabriel Attal nouveau Premier ministre : plus d’un Français sur deux satisfait par sa nomination », (La Dépêche, 10/01), « Gabriel Attal bénéficie de la confiance d’un peu plus de la moitié des Français » (Sud Ouest, 17/01). Nous sommes habitués à ce type de manchettes de la presse locale sur des pseudo-sondages, commandés ici par les réacs du Figaro et les fachos de Sud Radio*, et qui tiennent lieu d’information. Alors que Macron nomme un nouveau Premier ministre détestable, pur produit de la bourgeoisie parisienne, millionnaire depuis ses 24 ans et qui ne sera que le valet du président, on voudrait nous faire croire qu’on lui fait confiance. Qu’il a une majorité de français·es derrière lui, alors que la macronie vient de voter une énième loi raciste, qu’elle s’accommode de la préférence nationale et du soutien des députés néo-fascistes du RN. Nous ne sommes pas des cruches. Chacun sait que ce Gabriel Attal crèvera les yeux du prochain mouvement qui osera s’approcher un peu trop près de l’Élysée. Qu’il continuera d’envoyer armes, soutiens financiers et accolades à quantité de régimes autoritaires et répressifs de par le monde. Qu’il maintiendra le soutien français à Israël dans le massacre de la population palestinienne, malgré quelques gesticulations de pure forme. Et que les droits des salarié·es, des précaires ou des chômeurs·euses ne feront que se détériorer. Attal est le premier ministre des patrons, des bétonneurs et du bloc bourgeois. Il est le représentant de tous les gros porcs qui comme Depardieu pensent que la culture du viol et la domination masculine n’ont pas de limites.

À rebours de ces sondages sans valeurs, nous pensons que la majorité des Français·es détestent déjà Attal, comme ils détestent sa police et son gouvernement. En tout cas, nous ferons tout pour que ce soit le cas. Avec toute la presse indépendante qui persiste à exister autour de nous, nous allons continuer de tenter d’ouvrir des brèches. Tenter d’apporter des regards critiques, des enquêtes fouillées et des imaginaires subversifs. Avec tout ce que ce pays compte de radios libres, de journaux militants et de sites d’informations, nous relaierons vos luttes, nous creuserons où il faut creuser, et nous ne lâcherons rien. Tous et toutes ensemble, nous empêcherons ces racistes sauce Bardella d’envahir nos vies, nous ferons tomber ce pouvoir carnassier et nous déboucherons des bouteille de vin nat’ sur les piquets de grève, de Périgueux à Perpignan et de Pau à Privas. Chiche ?

*Relire l’enquête du camarade Jean-Sébastien Mora, « Depuis le nord Sud Radio émet vers l’extrême », parue dans CQFD en août 2020.