Désillusions en milieu engagé
Voici, en chiffres et en images, quelques résultats d’une enquête1 réalisée en Haute-Garonne entre 2022 et 2024 par la section locale Asso31. À l’origine de ce projet, une dizaine de militant·es qui co-construisent un questionnaire à destination de 210 salarié·es d’associations. Les résultats permettent de lever le voile sur des conditions de travail difficiles, prendre conscience des problématiques les plus saillantes et construire des revendications pour l’avenir.

Travailler au détriment de sa santé
30 % des enquêté·es déclarent avoir des grandes difficultés pour se mettre en arrêt de travail. La situation est aggravée dans les structures de moins de 11 salarié·es où 73 % des salarié·es déclarent impossible ou presque impossible de se mettre en arrêt, tandis que 77 % n’ont aucune prise en charge de leur mutuelle.
Le travail gratuit n’est jamais loin
En moyenne, les salarié·es dans l’associatif travaillent 2,4 heures en plus que leur contrat chaque semaine et 45 % déclarent dépasser les 4 heures par semaine. Si certaine·s arrivent à récupérer leurs heures, 21 % des travailleur·euses n’ont aucune compensation pour leurs heures sup et seulement 10 % arrivent à se les faire payer.
Déborder du cadre
47 % des salarié·es n’ont pas de missions claires écrites sur leur contrat. Cela occasionne de la souffrance au travail pour un tiers d’entre elleux. Si les débordements sont souvent prescrits par une hiérarchie, l’auto-exploitation est monnaie courante.
Inégalités de genre
Si les femmes représentent 74 % des enquêté·es, elles ne sont que 33 % des personnes qui déclarent gagner plus de 2 340 euros. Elles sont également plus concernées par le temps partiel (10 % de plus que les hommes). Enfin, 51 % des salarié·e·s déclarent travailler dans des structures où il n’existe aucune politique de prévention ni de gestion des violences sexistes et sexuelles.
Bas salaires et turn-over
Le secteur associatif enregistre un taux de CDI inférieur à la moyenne nationale. Les salaires sont faibles, surtout pour les personnes en CDD puisque seulement 7 % d’entre elles gagnent plus de 1 790 euros par mois. La précarité est encore plus grande pour les services civiques et les stagiaires qui touchent autour de 650 euros pour des semaines qui peuvent atteindre 35 heures. La plupart des salarié·es ne restent pas longtemps dans leur structure même avec un contrat stable : 76 % des personnes en CDI travaillent dans leur asso depuis moins de 6 ans et 56 % ne s’y projettent pas sur une durée de plus de 5 ans.
Entre engagement et exploitation
Le travail salarié est perçu comme un engagement par 80 % des personnes interrogées qui se voient obligées pour maintenir à flot leur association de faire régulièrement des sacrifices qui détériorent leurs conditions de travail.
Télétravail et travail à la maison
Les petites structures sont celles où le télétravail est le plus fréquent. Souvent celui-ci est non encadré (44 % des personnes n’ont aucun équipement adapté). Plusieurs salarié·es déclarent faire du travail à la maison lorsqu’ils et elles sont en incapacité de se rendre au travail, le télétravail devenant un palliatif à l’arrêt maladie.
Rapport : Asso31 / Illustration : Nathanaël
