Numéro 13 régional

Dans le Sud-Tarn, le préfet en roue libre

Le groupe anti-répression, que nous avons rencontré au Bacamp à Saïx, tient la liste de toutes les exactions des forces de l’ordre (FDO) de ces trois derniers mois. Visiblement, le préfet Vilbois a donné pour consigne de ne pas faire de cadeaux. Violences, menaces de viols, insultes, contrôles abusifs, fouilles, gardes-à-vue, harcèlement envers les écureuils, gazages, grenades explosives et tirs de LBD : la liste est longue, et seule une petite partie de ces comportements policiers scandaleux sont sortis dans la presse, notamment grâce au rapporteur de l’ONU venu sur place.

Ainsi à la mi-février, les militant·es constatent «  le saccage systématique des constructions, la découpe des tentes, la destruction du matériel de couchage et des matériels personnels », ainsi que la « saisie d’objets et le vol d’affaires ». Ils rapportent aussi que « les forces de l’ordre (FDO) brûlent ce qu’elles trouvent avec le concours des services municipaux de Saïx et parfois celui des pompiers. La forêt est régulièrement enfumée par des brûlis de plastiques et autres déchets. Les hélicos volent au ras des arbres, pour mettre une pression psychologique ». À la mi-mars, « deux bidons d’essence sont versés par les FDO au pied d’un arbre occupé », puis les CRS mettent en place un véritable harcèlement des écureuils, à base de « cris d’animaux, tambour sur les caisses en métal ou bois, cassage de verre, lumières stroboscopiques parfois toute la nuit [en direction des cabanes] et des lasers sont utilisés dans les yeux des zadistes ». Sans compter leurs multiples manœuvres pour empêcher le ravitaillement des écureuils en nourriture : « Les FDO prennent les sacs de nourriture et les laissent au pied des arbres pendant deux jours sans les accrocher aux cordes de hissage. Lors d’un autre approvisionnement, ils accrochent les sacs de nourriture et les éventrent au cuter. Par deux fois des sacs atteignent un rappel et les gendarmes s’y accrochent en sautant puis en coupent les anses ».

Les militant·es constatent l’interdiction du site aux élus et à la presse, ainsi qu’un « périmètre de sécurité mis en place avec caméras thermiques, projecteurs de chantiers, barrières anti émeutes et plusieurs lignes de barbelés ». Ils notent également « une surveillance journalière par des voitures banalisées des services de renseignement autour des différents sites occupés, avec prise de photos et vidéo systématique pour fichage ». Suite aux interpellations et gardes-à-vue durant le siège de la Crem’arbre, de nombreux procès sont à venir, alors même qu’un militant a déjà été emprisonné pour six mois ferme : il est passé en comparution immédiate le 27 février pour jet de projectile sur personne dépositaire de l’autorité publique sans ITT. Une autre personne a comparu le 10 mars pour outrage sans violence physique, incarcérée dans la foulée pour quatre mois ferme à cause d’une ancienne condamnation avec sursis.