Du mordant !
Nous étions fin prêt·es pour attaquer le bouclage de ce numéro d’été… qui débutait le lendemain des législatives. Chaud, chaud. La couverture était déjà dans les bacs, notre copine Fabienne avait posé pour la photo en hurlant « NOOOOOOOON !!! » en prévision d’une nomination de Bardella comme Premier ministre. Dimanche soir, déprimé·es, fébriles, ou contre vents et marées optimistes, nous attendons les résultats, prêt·es à nous ruer dehors pour vous rejoindre. Et badaboum, nous découvrons une assemblée qui ressemble à un Trivial pursuit avec trois camemberts. On décompresse un peu, mais pas trop non plus. Le lundi matin, chacun·e prend la route depuis les quatre coins du territoire pour se retrouver, chacun·e avec « son » député coincé en travers de la gorge. Deux d’entre nous viennent de l’Aude, et ont voté sans effort pour un Poutou parachuté qui n’a pas pesé lourd face au gros facho sortant. A l’instar du pourtour méditerranéen, submergé par une vague nauséabonde. Elles font grise mine en arrivant tout droit de leur village qui a voté à 67 % pour les racistes en costard, et nous disent que ça ne va pas être simple de continuer à taper la causette avec les voisin·es qui paraissaient pourtant sympathiques. Les Aveyronnais de l’équipe racontent leur soirée à Rodez, où ils se tenaient prêts à crier des slogans et porter des banderoles. Au final se sont retrouvés à boire des coups en improvisant une boum. Notre super stagiaire, arrivé tout droit du Gers, a voté pour la macronie la mort dans l’âme. Un autre collègue arrivant de Creuse, nous a fait bien rire en nous dépeignant la mine dépitée de ses voisin·es de Corrèze et des autonomes du plateau de Millevaches qui se sont retrouvés à hisser un François Hollande, malheureusement de retour.
… Drôle d’état général pour ce bouclage, on partait déjà mi-figue mi-raisin, et voilà qu’en sus le Covid revient avec son variant spécial été, joliment nommé « Flirt », et fauche en plein vol un des camarades, qui ira plutôt faire la révolution au fond de son lit. La mouise…
Alors on se dit qu’heureusement que certaines choses ne bougent pas. Notre chef des mots-croisés arrive toujours à 17 heures la gueule enfarinée ; notre spécialiste des panneaux photovoltaïques ne lâche toujours rien ; la collègue teste les décibels, l’autre demande de plus en plus tôt quand c’est l’apéro, et le petit dernier passe son temps à tout réécrire en MINUSCULES. Ça s’empaille en beauté, mais on retrouve le sourire parce qu’on est content·es de se retrouver et d’être réuni·es par des valeurs anti-racistes, anti-capitalistes, féministes et écologistes. Toujours prêt·es à en découdre !
Alors, saisissons au vif l’espoir, matons les fachos, et continuons à trouver joie et mordant dans ce monde de nazes. Luttons pour ce futur, aussi précaire soit-il.