A69 : grèves de la faim et grosse manif
À l’heure où l’Empaillé est bouclé, les préparatifs sont en cours pour « Ramdam sur le Macadam », manifestation qui s’annonce massive les 21 et 22 octobre contre le consternant projet d’autoroute A69 entre Toulouse et Castres. Symbole d’une politique d’aménagement archaïque incapable de se remettre en cause, ce projet de deux fois deux voies de 54 kilomètres – dont 44 tout neufs – est toujours défendu par le gouvernement et son ministre des transports Clément Beaune, la présidente de la Région Carole Delga, les laboratoires Pierre Fabre (groupe pharmaceutique basé à Castres) et bien sûr NGO et Vinci, groupes de BTP choisis pour le construire.
Portée notamment par le collectif La Voix est libre, la lutte pour tenter d’empêcher ce ravage sur 400 hectares s’est accélérée depuis le 1er septembre lorsque des bûcherons sont venus de nuit pour couper des arbres sur le tracé à Vendine, en Haute-Garonne à la limite du Tarn. Ils étaient escortés par 200 gendarmes qui ont sorti les gazeuses. Ce jour-là, Thomas Brail, fondateur du Groupement national de surveillance des arbres, commençait une grève de la faim. Face à l’indifférence du gouvernement, il s’installait mi-septembre dans les branches d’un platane boulevard Saint-Germain à Paris en face du ministère « de la transition écologique et la cohésion des territoires ». Au matin du 24 septembre, police et pompiers l’ont évacué de force. Il a accentué le mouvement en allant jusqu’à la grève de la soif avec deux camarades, en expliquant : « On ne sait plus quoi faire pour mener des actions non violentes ». Au total, 14 personnes se sont mises en grève de la faim dans le mouvement. Face à la dégradation assez grave de l’état de santé de Thomas Brail, Clément Beaune a fini par annoncer une mini-reculade le 10 octobre : l’interruption des « défrichements importants » jusqu’à une réunion à Castres le 13 octobre. Les grévistes se sont alors réalimenté·es. Mais les coupes de haies, les terrassements et les installations de bâtiments pour le chantier ont continué.
Le projet est surtout soutenu par les notables de Castres, alors que 1500 scientifiques dont des spécialistes du climat ont demandé l’abandon dans une tribune, parue dans l’Obs le 4 octobre, intitulée « L’autoroute A69 est un de ces projets auxquels il faut renoncer ». Les Soulèvements de la Terre, dont la dissolution a été suspendue par le Conseil d’État le 11 août, sont aussi dans le coup. À noter que parmi les aberrations du projet, l’approvisionnement en eau est particulièrement problématique : les environnementalistes évaluent à 700 000 mètres cubes la quantité d’eau nécessaire juste pour fabriquer l’autoroute. Les paysan·es du Tarn, déjà en stress hydrique total, sont démarché·es par NGO qui veut leur acheter leurs réserves d’eau pour celles et ceux qui en ont. Cultiver la terre ou rouler à 130 km/h en payant 17 euros pour gagner 15 minutes sur Castres-Toulouse, il faut choisir.
