Le numéro de l’automne en kiosques !

Vogliamo tutto !

Ce vieux slogan italien n’a rien perdu de sa vitalité. Scandé à « l’automne chaud » de 1969 jusqu’à la période de l’Autonomie italienne – et son apogée, la situation insurrectionnelle de 1977 – il révèle un mouvement de refus des bureaucrates et des socio-démocrates, qui ne circonscrit plus la lutte au monde du travail, qui se veut féministe, festif, déterminé et audacieux. Ce moment historique nous inspire encore aujourd’hui, lorsqu’on prône un syndicalisme de base qui contrôle ses délégué·es, qu’on lance une auto-réduction dans un supermarché ou qu’on défende un squat, une zone occupée ou un blocage de route derrière un amas de pneus et palettes.

Et ce n’est pas quand l’extrême droite est aux portes du pouvoir, que les politiciens véreux adoptent une rhétorique raciste et autoritaire, qu’il faut rogner sur ce que nous voulons : TOUT.

La social-démocratie (sous Mitterrand, Jospin ou Hollande) a accompagné la mise en place d’un néolibéralisme autoritaire. Nous récoltons aujourd’hui ce qu’ils ont semé : un parti d’extrême droite plus fort que jamais. Nous ne nous contenterons jamais de la retraite à 62 ans, d’une taxe à 2 % sur les ultra-riches ou de l’interdiction d’un pesticide. Nous voulons tout ça, et tout le reste. Les mairies, les régions, les routes, les usines, les champs : on ne veut rien laisser aux profiteurs, aux empoisonneurs, aux décideurs. La vie ne se compartimente pas, on ne veut pas décider de la gestion des déchets, et se voir imposer l’exploitation salariée et les supermarchés. Décider de tout, jouir de tout ! Et cela n’arrivera pas par le miracle de la « spontanéité des masses ». Au contraire, il faut une foule de gens organisés, au travers de lieux, de collectifs, de structures pour porter un tel horizon, pierre par pierre. Il en faut des alliances entre tout ce beau monde, entre les syndicalistes déter, les collectifs écolos, antiracistes, féministes, les bases militantes des partis, les assos de toutes sortes, les sympathisant·es de tout et de rien, les énervés, les gens qui n’en peuvent plus et ceux et celles qui se laissent porter… Les trop réformistes et les trop radicaux, les électoralistes et les autonomistes, les staliniens et les anars, les non-violents et les émeutiers, les quartiers et les campagnes.

L’époque nous oblige. À tenter des rapprochements, à tenter des choses ingénieuses et audacieuses, à secouer sérieusement et structurellement ce vieux monde qui se fissure de partout. Le mouvement « bloquons tout » en France contre le budget d’austérité, comme la réplique italienne en soutien à Gaza fin septembre, sont des tentatives. Comme le sont les révoltes qui parcourent le monde à un rythme cadencé depuis les soulèvements du Printemps arabe de 2011. Alors générations de tous les pays, alliez-vous !

Le comité de rédaction