Ils voient de « l’apologie du terrorisme » partout

De petits groupes d’avocats jouent un rôle central dans le soutien à Israël et dans la répression des personnes qui dénoncent le génocide. Sous les noms un peu mégalo d’« Organisation juive européenne » (OJE) ou de « Jeunesse française juive » (JFJ), ils ont déposé des dizaines de plaintes pour « apologie du terrorisme » contre des militant·es politiques, et obtenu des peines de prison pour des messages postés sur internet.

L’avocate parisienne Muriel Ouaknine-Melki, présidente de l’OJE depuis 2019, est régulièrement invitée sur Cnews, Europe 1 et Radio J. Elle donne des opinions alignées sur celles de l’armée israélienne, chargeant les personnes qui soutiennent le peuple palestinien, et elle apporte ses lumières sur les sujets phares des médias d’extrême droite, notamment la délinquance. En janvier par exemple elle révèle : « les pharmaciens vous diront tous qu’ils sont régulièrement victimes de braquages. Et que régulièrement on leur déconseille de déposer plainte. »

Née en 1970 et inscrite au barreau de Paris à 27 ans, Muriel Ouaknine-Melki est médiatisée en 2006 lorsqu’elle intervient dans l’affaire des horribles exactions du gang dit « des barbares » (on utilise dans les médias le mot barbare uniquement pour les non-Blancs, pas pour des criminels comme Fourniret, Netanyahou, Le Scouarnec, etc.) : ils appâtent des victimes via des jeunes femmes pour ensuite demander des rançons à leurs proches. Ils séquestrent et torturent Ilan Halimi, 23 ans, en pensant que, comme il est juif, ses parents mettront des centaines de milliers d’euros pour le libérer. Ce crime est alors un drame national qui choque par la cruauté et par l’antisémitisme du sinistre meneur Youssouf Fofana, toujours incarcéré aujourd’hui.

Avocate d’une autre victime du gang, Muriel Ouaknine-Melki martèle, au procès en 2009 puis au procès en appel en 2010, que l’antisémitisme a été le moteur des agissements du groupe. Toutes les victimes du gang n’étaient pas juives, et l’antisémitisme de Fofana semble un élément secondaire parmi les motivations crapuleuses du groupe. Mais sa ligne restera invariable : dans toute affaire où une victime est juive et par extension dans tout propos qui critique Israël, Muriel Melki met en avant l’antisémitisme.

Demande de répression

Des paroles et des crimes antisémites, il y en a en France, indéniablement. En 2012 Mohamed Merah tue trois enfants et un enseignant à l’école juive Ozarah Torah à Toulouse. En 2015, c’est l’attentat à Hyper cacher – Muriel Ouaknine-Melki défendra des victimes -, puis le saccage d’un cimetière juif en Alsace. Pugnace partie civile, l’OJE obtiendra sept ans plus tard, pour la première fois après une telle profanation, l’indemnisation des familles. En 2016, elle intervient après la mort non élucidée d’un gardien de synagogue à Paris, très probablement un crime antisémite. En 2017 et 2018 à Paris ont lieu les meurtres de Sarah Halimi et de Mireille Knoll. Le nombre d’actes et paroles antisémites augmente encore nettement à partir d’octobre 2023 : rabbins agressés, viol d’une fille de 12 ans à Courbevoie en juin 2024… Dans cette affaire Muriel Ouaknine a défendu la victime en juin 2025, avec son collègue de l’OJE Oudy Bloch. Un des condamnés fait appel, son avocate précisant « pas pour remettre en cause la gravité des faits » mais pour en « contester le caractère antisémite ». Il a 13 ans.

Dans l’affaire Sarah Halimi, le meurtrier est déclaré irresponsable parce qu’il avait consommé une grande quantité de cannabis. Scandalisés lorsque la cour de cassation confirme cette décision, Muriel Ouaknine et l’OJE appellent à un rassemblement qui mêle lutte contre l’antisémitisme et lutte pour davantage de sévérité pénale en général. La manifestation réunit vingt mille personnes au Trocadéro en avril 2021. Cette année-là, l’OJE se domicilie dans le XVIe arrondissement de Paris. Elle se déploie de plus en plus comme un groupe de pression politique. Créée en 2014, annonçant dès son lancement « 350 membres », sa première action publique avait consisté en une fausse pub pour « antisemitox, un nouveau médicament contre l’antisémitisme », canular pensé par le publicitaire Franck Tapiro. Ce proche de Sarkozy fait aujourd’hui partie des jusqu’au-boutistes qui ont organisé à Paris en mai 2025 une fête de soutien à l’armée israélienne en pleine famine orchestrée à Gaza.

Dès 2015, l’OJE modifie son objet social. Axé auparavant sur « la culture judaïque et la présentation culturelle et cultuelle de l’état d’Israël », il intègre « prévenir et combattre l’antisémitisme », « défendre de manière inconditionnelle le droit imprescriptible à l’existence de l’État d’Israël », « assister et défendre les victimes d’actes de terrorisme », et « combattre l’apologie du terrorisme ». Une loi (PS) de 2014 a sorti le délit d’apologie du terrorisme du droit de la presse. Et l’OJE va se spécialiser dedans.

Avant cette loi, les délits de provocation étaient jugés dans le cadre de la loi sur la presse de 1881. À ces procès, on argumente entre bourgeois, avocats, juges et journalistes, la procédure d’enquête protège les droits de la défense, les peines sont mesurées et les coupables ne vont pas en prison. Mais avec la loi de 2014, juste pour des propos, un suspect peut être espionné par la police antiterroriste, perquisitionné à six heures du matin, placé en détention préventive, jugé en comparution immédiate, condamné à cinq ans de prison.

Jusqu’au 7 octobre 2023, cette loi avait été appliquée seulement à propos d’actes visant la population française. Elle avait servi à réprimer des propos de soutien à Daesh, et aussi l’ancien militant d’Action directe Jean-Marc Rouillan quand il avait parlé de courage à propos des tueurs de Charlie Hebdo. Personne n’avait imaginé qu’elle allait concerner ce que chacun·e peut dire et penser d’événements en Israël-Palestine. Sauf peut-être certains avocats et certains fonctionnaires de la justice, comme le ministre alors en exercice Dupont-Moretti. En août 2023, au colloque des vingt ans de l’association « Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme » (BNVCA), Muriel Ouaknine échangeait avec d’autres avocats et un procureur au sujet de l’insuffisante répression des messages haineux sur les réseaux. Elle félicitait le procureur de l’Allier pour la condamnation à cinq ans fermes d’un antisémite suiveur de Soral et Dieudonné (« un très beau résultat, une très belle peine, monsieur le procureur »). Le magistrat exposait ses méthodes et elle déplorait que le parquet de Paris ne soit pas aussi aligné avec ses idées (« ce genre de peines, à Paris, on ne les a pas »).

Tout mélangé

Le 7 octobre, plusieurs choses se déroulent : des Gazaouis enfermés dans une prison à ciel ouvert réussissent à en sortir, s’attaquent à l’armée qui les opprime, parcourent quelques kilomètres, certains se livrent à des crimes et actes de barbarie, certains prennent des otages. Les messages postés en France de soutien à la dimension « sortie de prison » vont être assimilés à des messages de soutien aux actes de barbarie. Le ministre Dupont-Moretti publie une circulaire le 10 octobre qui cite la jurisprudence Rouillan et qui demande aux procureurs de poursuivre pour apologie du terrorisme toutes les prises de positions qui tendent à présenter « les attaques terroristes survenues en Israël le 7 octobre » sous un jour favorable. La circulaire ne précise pas de quelles attaques il s’agit. L’attaque de la frontière qui maintient illégalement Gaza sous blocus est englobée dans le même terme que les meurtres contre les civil·es israélien·nes. Tout est mélangé pour réprimer un maximum de propos. La double empathie éprouvée par de très nombreux·ses humain·es le 7 octobre, l’empathie pour les prisonniers qui s’évadent et l’empathie pour les civils tués, devient indicible dans l’espace public.

Dupont-Moretti suit exactement la ligne énoncée par Jordan Bardella le 9 octobre sur RMC : « Il faut judiciariser toute forme d’apologie du terrorisme. Le parquet doit systématiquement poursuivre ce type de déclaration » (parlant de déclarations de La France insoumise). À ce moment-là, Netanyahou a déjà annoncé le génocide : « Je dis aux habitants de Gaza de partir tout de suite car nous allons agir partout et avec toute notre force pour frapper le Hamas », déclare-t-il le 7 octobre.

L’interrogatoire violent de Danièle Obono sur Sud Radio le 17 octobre donne le ton. Sept fois en quarante secondes Jean-Jacques Bourdin coupe la députée LFI pour lui demander si le Hamas est « un mouvement de résistance ». Quelques minutes après, le ministre de l’Intérieur Darmanin annonce une plainte pour apologie du terrorisme contre l’élue. Reste à voir si tous les parquets suivront, si tous les juges suivront, si toutes les cours d’appel suivront…

L’association Jeunesse française juive dépose ses statuts le 31 octobre. Comme son nom l’indique, elle regroupe des gens plus jeunes que l’OJE. Alors que la présidente quinquagénaire de l’OJE s’affiche dans des lieux de pouvoir traditionnel, accompagne Macron en Israël en 2020, est reçue par un ministre et le président d’Israël début 2023, JFJ se lance elle comme une start-up avec un compte Twitter et une page HelloAsso, aucune figure mise en avant, et juste un pitch : « Faire entendre une voix différente de celle des institutions politisées. Parce que nous sommes fiers d’être français et juifs. »

Hommage à Le Pen

JFJ se révèle rapidement comme l’OJE marquée à l’extrême droite, avec des tweets outranciers comme « LFI souhaite mettre la haine du juif au centre du débat », ou « Quelle différence entre le drapeau palestinien et le drapeau nazi ? Aucune. La Palestine est le nouvel étendard des anti-juifs », et une tirade émue quand meurt l’antisémite Le Pen : « nous apportons à sa famille nos condoléances, et lui souhaitons un deuil apaisé ». JFJ connaît la gloire en janvier 2024 lorsque tous les médias annoncent son dépôt de 41 plaintes contre des personnalités politiques, dont Jean-Luc Mélenchon.

Le 13 février 2025, sur la chaîne israélienne I24, une jeune avocate de JFJ un peu confuse indique que son groupe d’avocats est présidé par Anthony Reisberg, tandis que, lorsque nous l’appelons en juin, celui-ci explique qu’il n’est qu’un simple avocat de JFJ. Il précise que l’association a déposé « plutôt 70 plaintes que 41. Pour une trentaine de plaintes, j’ai conseillé de ne pas révéler les identités, s’agissant de personnes inconnues du grand public. » Le nombre de 41 inclut dans certains cas plusieurs personnes de la même organisation, comme l’Union juive française pour la paix qui, pour un même communiqué incriminé a reçu douze plaintes visant douze membres de l’association. Ce communiqué du 7 octobre 2023 toujours en ligne s’intitule « Ça suffit le concert des nations pro-israélien ! Résister à un occupant est légitime ! »

« Qui paye ces cinquante avocats ? Je présume qu’ils ne travaillent pas bénévolement. » En avril 2025, Rima Hassan (LFI) souligne le peu d’investigation sur ces organisations et sur leurs moyens1. Elle pose la question en conférence de presse aux côtés d’Anasse Kazib (Révolution permanente), traîné comme elle dans des procédures pénales par l’OJE et JFJ pour leurs prises de position politiques. Ce nombre a priori impressionnant de cinquante avocats est affiché par l’OJE, qui affirme bel et bien qu’ils travaillent bénévolement. Il semble exagéré. Dans les tribunaux et les médias, pour l’OJE à ces procès politiques-là, on ne voit quasiment que Muriel Melki et son invraisemblable compère Oudy Bloch, sioniste ultra, capable de soutenir avec aplomb qu’Israël « ne colonise pas » la Cisjordanie puisque des Hébreux étaient là « il y a trois mille ans » et qu’il s’agit juste de la « reprise de la Judée Samarie ». Pour les besognes gagnées d’avance comme par exemple aller plaider à Carcassonne en novembre 2023 contre une femme qui a lâché des insultes antisémites sur Facebook, l’OJE peut recevoir le renfort ponctuel de deux avocates plutôt centrées sur les litiges commerciaux ou routiers. Ce genre d’interventions peuvent très bien être gratuites si les professionnelles estiment défendre une cause noble et légitime. Cela coûte juste un aller-retour en province en 24 heures pour aller faire masse à l’audience et broder autour du mantra officiel « est-ce que vous condamnez le Hamas ? »

JFJ et OJE côtoient à la barre d’autres groupuscules qui tiennent les mêmes discours, comme BNVCA, Avocats sans frontières (à ne pas confondre avec l’ONG belge du même nom), créée par Gilles-William Goldnadel, avocat de l’ex-Génération identitaire, ou encore « Lutte pour l’égalité dans l’antiracisme » ou l’« Observatoire juif de France ». Avec cette multitudes de groupes, un prévenu peut être assommé à l’audience par trois ou quatre plaidoiries pro-israéliennes en chaîne, en plus des réquisitions du procureur. Si JFJ n’a pas encore l’ancienneté de cinq ans requise pour exercer les droits de la partie civile, elle prend quand même du temps de parole à l’audience en sachant que la recevabilité de sa demande ne sera tranchée (rejetée) par le juge qu’au moment du délibéré sur le fond de l’affaire.

« Hamas = Daesh »

Les derniers comptes disponibles de l’OJE datent de 2017 et faisaient état de 229 000 euros de dons reçus et de 92 000 euros de rémunérations versées. Aujourd’hui, l’établissement déclare ne pas avoir de salarié, et rien ne permet de douter que les actions menées par les avocats de l’OJE ne soient pas bénévoles. Concernant JFJ, rien n’est spécifié sur le bénévolat. Sur son site, le groupe annonce « 200 adhérents et militants. » Celui qui présente l’association sur Radio J en janvier 2024 lors de l’annonce des 41 plaintes est Rudy Amsellem, jeune avocat niçois en droit de l’immobilier, à la tête de la société Gustave Capital, qui investit des millions d’euros dans des appartements à Marseille. Rudy Amsellem publie des vidéos de conseil aux propriétaires pour faire face aux squats et aux impayés. Pour lui, les actes du Hamas du 7 octobre sont du même ordre que l’attentat de Nice en 2016. L’équation « Hamas = Daesh », peu rigoureuse, est centrale dans l’argumentation de ces jeunes, qui se sentent en cela proches du Rassemblement national. Lors de la manifestation « contre l’antisémitisme » avec Marine Le Pen et Jordan Bardella en novembre 2023, Raphaël Attia-Parienté, webmaster parisien membre fondateur de JFJ, loue tout le « chemin parcouru » par le RN, parti qui est pour lui « le plus en proue de la lutte contre l’antisémitisme. »

Silence

Certains accusés, comme Mathilde Panot, ont annoncé elles-mêmes le classement des plaintes les concernant. D’autres sont dans l’attente. La forte médiatisation de ces procédures a intimidé les soutiens au peuple palestinien. « On pèse chaque mot, on répète toujours les mêmes slogans sans bouger un seul terme », dit une militante de Limousin Palestine solidarité qui manifeste pour Gaza chaque samedi en centre-ville de Limoges depuis bientôt deux ans.

Face à ce risque d’intimidation, Révolution permanente a réussi à susciter un fort mouvement de soutien, visible notamment à travers les deux mille personnes réunies lors de la convocation de son leader Annasse Kazib devant le tribunal de Paris le 18 juin 2025 (procès finalement renvoyé à 2026).

Les parquets ne communiquent pas forcément lorsqu’ils classent les plaintes, les accusé·es n’ont pas nécessairement envie d’en parler non plus, préférant garder l’anonymat quand c’est possible ou tout simplement pour ne pas être associé·es à des accusations dégradantes. Et JFJ reste maintenant silencieuse à part quelques tweets de temps en temps. « Nous vous informerons des suites que la justice donnera à ces affaires » annonçait-elle pourtant en janvier 2024.

Les accusé·es (liste loin d’être exhaustive)

Condamnés : Mohamed Makni, élu (PS) en Isère, 4 mois avec sursis en mars 2024, a fait appel. Jean-Paul Delescaut (secrétaire de l’union départementale CGT, Nord, voir ci-contre), 1 an avec sursis et 5 000 euros à verser à l’OJE pour préjudice moral, a fait appel. Abdel-Wahad L. (Montpellier), condamné en février 2024, condamné en appel en février 2025 à 1 an avec sursis et 6 000 euros à verser aux parties civiles, a annoncé pourvoi en cassation. ■ Classés sans suite : Guillaume Meurice, France Inter (classé en avril 2024). Mathilde Panot, députée LFI (convoquée en avril 2024, classé en janvier 2025). Danièle Obono, députée LFI (plainte en octobre 2023, annoncée sans suite par LFI en janvier 2025). ■ Pas de nouvelles : Rima Hassan, députée européenne LFI (convoquée en avril 2024, auditionnée en avril 2025). Daniel Lévyne, UJFP (convoqué en juin 2024), et onze autres personnes de l’UJFP. Jean-Luc Mélenchon, Ersilia Soudais, Thomas Portes, David Guiraud (LFI), Philippe Poutou (NPA), PIR, Perspectives musulmanes, Palestine vaincra, plaintes annoncées par JFJ en janvier 2024. Taha Bouhafs, Kamil Abderrahman, Sihame Assbague (journalistes indépendant·es), idem. Omar Alsoumi (Urgence Palestine), plainte annoncée par JFJ en novembre 2024. Simon Assoun (Tsedek), plainte annoncée par JFJ en janvier 2025. ■ Procès fixé à juin 2025 puis renvoyé à 2026 : Annasse Kazib et un autre militant de Révolution permanente.

Un Crédit pas coopératif

Les banques françaises jouent aussi un rôle important dans la répression des personnes qui soutiennent les Palestiniens. Officiellement, c’est bien sûr aussi la lutte contre le « terrorisme » qui est invoquée, de nombreuses organisations palestiniennes étant ainsi classées par Israël et l’Union européenne. Ainsi, le Crédit coopératif, qui cherche à se donner une image de gauche, a-t-il annoncé en automne 2024 la fermeture de son compte à l’Union juive française pour la paix (UJFP), sans explication. Cette association a envoyé plus de 500 000 euros à Gaza entre 2023 et 2024 pour financer des installations agricoles, des conduites d’eau, des repas, des tentes, des produits d’hygiène. Elle tente maintenant de poursuivre son soutien par d’autres moyens, mais fait face à des difficultés énormes pour envoyer des fonds à ses contacts dans la bande de Gaza bombardée, occupée et sous blocus total. D’après Sarah Katz, de l’UJFP, invitée à Limoges en juin 2025, un guichet Western Union fonctionne encore dans la bande mais il prend des commissions de 30 %.

Jean-Paul Delescaut, CGT : « Elle avait la larme à l’œil »

Secrétaire de la CGT du Nord, Jean-Paul Delescaut a été condamné en avril 2024 à un an de prison avec sursis et 5 000 euros d’amende pour apologie du terrorisme en raison d’un tract publié en octobre 2023 qui dénonçait la colonisation israélienne. Le passage retenu contre lui : « les horreurs de l’occupation illégale se sont accumulées. Depuis samedi elles reçoivent les réponses qu’elles ont provoquées. » La condamnation est alors une victoire symbolique importante pour l’OJE et pour tout le mouvement de répression basé sur le délit d’apologie du terrorisme. Aide-soignant à l’hôpital de Valenciennes, il se souvient de la plaidoirie de Muriel Ouaknine-Melki contre lui : « Elle mettait beaucoup d’émotion, elle avait vraiment la larme à l’œil. » Elle a expliqué au tribunal que des enfants « n’osaient plus sortir dans la rue », que l’OJE diffusait « un numéro de téléphone pour alerter en cas d’attaque antisémite », des éléments qui paraissent au syndicaliste bien lointains du tract reproché.

La date de l’appel n’est pas encore connue. Contacté par L’Empaillé, Jean-Paul Delescaut reste lucide : « La BRI est quand même venue me chercher chez moi devant ma femme et mes enfants à six heures du matin. C’est pas plaisant, ça laisse des traces, c’est clair. On réfléchit plus collectivement aux termes utilisés dans les tracts. Mais on est toujours mobilisés sur la Palestine. Plus de 490 jours de génocide contre le peuple palestinien à Gaza, c’est ça qui est important aujourd’hui. Là [le 14 juin 2025], on était encore à la manifestation parisienne pour la libération de Georges Abdallah. À l’union départementale CGT, on sait pourquoi on doit mener des combats contre l’impérialisme et contre la colonisation. On sait où on va. »

Texte : Yann Bureller / Illustrations : Foolmoon

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