Numéro 10 Régional

Empaillé n°10 en kiosques et dans notre réseau d’auto-diffusion

Permis de tuer

Chaque mois qui passe voit la police française devenir plus raciste, brutale, criminelle. Alors que plus de la moitié de ses membres votent pour le parti néo-facsiste de Le Pen, on doit à Cazeneuve et Hollande une loi en 2017 qui élargit le cadre réglementaire dans lequel un policier peut abattre une personne. Alors la police tue, de plus en plus. La barre des 20 tués par an est franchie dans les années 2010, puis on monte à 40 en 2020 et 52 en 2021*. Celles et ceux qui subissent de plein fouet cet État policier sont les habitant·es des quartiers populaires qui doivent faire face à un harcèlement et à des agressions au quotidien.

Le jeune Nahel a été assassiné à Nanterre face caméra, il n’en fallait pas moins pour que toute une jeunesse des quartiers parte à l’affrontement contre les symboles de l’État et contre cette police. La répression a été immédiate : des dizaines de milliers de flics et des unités spécialisées comme le RAID, lourdement armés, pour mater cette révolte. Les images sont saisissantes et dessinent un État totalitaire. Tout comme la parodie de justice qui envoie des centaines de jeunes croupir en prison, pour un caillou, un vol, un feu d’artifice ou une simple présence au milieu d’une émeute. Les jeunes racisés des quartiers pauvres sont considérés comme des sous-citoyens et ne valent rien aux yeux de la bourgeoisie blanche des beaux quartiers. Ce n’est pas anodin de voir les syndicats UNSA Police et Alliance, majoritaires lors des dernières élections, parler récemment dans un communiqué de « hordes sauvages » et de « nuisibles » contre lesquels ils sont « en guerre ».

La domination masculine bénéficie des mêmes relais systémiques. 75% des plaintes pour viol sont classées sans suite par cette justice et moins de 2% finissent aux assises. Et que dire face à des ministres en exercice qui doivent répondre des chefs d’accusations de prise illégale d’intérêts, trafic d’influence, abus de faiblesse ou viols ? Dans une société où les hommes baignent dans la culture du viol, le non-dit de l’inceste, un sexisme ordinaire et un virilisme à tous les étages, c’est de changements majeurs et structurels dont nous avons besoin pour s’attaquer au patriarcat, à la racine. Pour éviter qu’une femme sur six ne subisse des violences conjugales, et que l’une d’entre elles ne meure tous les deux jours. Que ce pouvoir autoritaire – comme les précédents – déclare l’égalité hommes-femmes grande cause du quinquennat ou qu’il s’amuse à lancer un plan marshall pour les cités ces prochaines semaines, il ne faut jamais oublier que ce saupoudrage de mesurettes n’a qu’un seul but, nous enfumer. Car sans relâche, ce gouvernement est l’ennemi des classes populaires, et défend le système patriarcal bec et ongles.

Alors des quartiers aux campagnes, faisons face, bras dessus bras dessous.

* « Le nombre de personnes tuées par un tir des forces de l’ordre a doublé depuis 2020 », www.basta.media, 28/06/2023.