Numéro 3

Des femmes en mode mineur

DES FEMMES EN MODE MINEUR

C’était les vacances, on avait de la visite, il fallait bien trouver quelque chose à faire: on a poussé les portes du Musée de la mine d’Aubin. Ce jour là, la personne préposée à la visite était une femme. Son aller-retour dans l’histoire m’a fait l’effet d’une paire de gifles.

D’abord, elle m’a fait rigoler, à taquiner gentiment son public, à prendre de grandes inspirations avant de nous faire son couplet sur l’histoire locale, devant des silhouettes de mineurs figées sur carton pâte. Comme si elle récitait son poème du dimanche, debout sur une chaise, devant la famille repue et attendrie.

C’est quand elle a dit que des femmes avaient bossé au fond de la mine, et que ça se disait pas assez, qu’elle a capté mon attention. J’en savais absolument rien, moi. Et puis à la voir crapahuter pour accueillir les nouveaux venus, allumer la télé, répondre aux questions, j’avais l’impression qu’à elle seule, comme la soufflerie d’un château gonflable, elle faisait tenir debout les murs du lieu. J’avais face à moi une vraie guide amateur, pas comme approximatif, mais comme amoureuse de la matière exposée ; pas un de ces guides professionnels qui pourraient indifféremment narrer Versailles, le vieux Marseille ou le Musée du chocolat.

J’ai même plus envie de glousser quand vient l’heure du coup de grisou, vanté sur le panneau de pub pour le musée comme la promo du siècle, tout en jaune et rose fluo. Quand elle nous a alignés telles des petites sardines entre les bois de soutènement et qu’elle a appuyé sur le bouton, j’ai eu un pincement au cœur.

De retour chez moi, j’ai cherché une trace du passage de ces femmes à la mine. Je suis d’abord tombée sur des cartes postales du début du XXème siècle, où de jolis minois noircis prennent la pose. Visiblement pour le photographe elles restaient folkloriques, cocasses ; moi je leur ai trouvé l’air farouche.

Aller au delà de ces images d’Épinal n’a pas été besogne facile. Écrire l’histoire a longtemps été une affaire d’hommes, qui privilégiaient l’analyse du domaine public et politique dont, oh surprise, le patriarcat excluait le sexe « faible ». En histoire économique et sociale, on s’est longtemps basé sur des statistiques aux chiffres asexués, qui sous-estimaient le nombre de travailleuses. Encore aujourd’hui la langue française, avec sa primauté accordée au masculin, occulte les femmes qui se cachent derrière le nom d’une profession.1

En même temps, vous vous seriez hasardés à appeler ces farouches « mineuses », m’est avis qu’elles auraient pris la mouche.

SITÔT QU’ON EST SOUS TERRE ON DEVIENT DES FANTÔMES

L‘entrée des femmes dans le processus de production industrielle au XIXème siècle défraie la chronique. Jules Simon, homme d’État sous la IIIème république, croit bon de constater « que la femme, devenue ouvrière, n’est plus une femme. Au lieu de cette vie cachée, abritée, pudique, entourée de chères affections, et qui est si nécessaire à son bonheur et au nôtre même, par une conséquence indirecte, mais inévitable, elle vit sous la domination d’un contremaître, au milieu de compagnes d’une moralité douteuse, en contact perpétuel avec des hommes, séparée de son mari et de ses enfants(…) Donc il n’y a plus de famille.«  2 CQFD.

C’est au XIXème siècle également que s’est organisée l’exploitation du bassin houiller aveyronnais, une petite zone triangulaire comptant une quinzaine de mines découvertes, et 200 puits forés. 3 La présence à proximité de gisements de charbon, de fer, de zinc, a permis de développer conjointement l’activité minière et sidérurgique. Toute la vie du territoire s’en trouve bouleversée, le pays devient noir de poussières et de fumées. Les compagnies embauchent aux alentours, et la prolétarisation des paysans du Rouergue est rapide. Les cités ouvrières deviennent des creusets du syndicalisme et de l’action politique – ça tranche avec les traditions rurales environnantes.

Mais l’exploitation minière connaît des hauts et des bas marqués, notamment parce que la région est isolée, et que du meilleur charbon est produit ailleurs. La fermeture programmée des mines est l’occasion d’une grève de 66 jours en 1961-1962. L’extraction du fond cesse en 1966, celle de surface en 2001.

Voilà pour le topo d’histoire-géo. Mais où sont les femmes?

En 1556, sur les gravures illustrant le premier ouvrage de référence sur les techniques minières (De re metallica), on les voit déjà présentes à tous les postes. À Aubin, en 1866, il y a 54 femmes sur 658 mineurs; en 1890, elles représentent même 33% du personnel travaillant sur le carreau (au jour) dans le bassin (contre 7% dans le Nord-Pas de Calais, où les filatures absorbent une grande partie de la main d’œuvre féminine).

Au fond, elles sont herscheuses, chargées d’évacuer le charbon des galeries à l’aide de paniers puis de hottes, pour grimper plus facilement les échelles, avec 45 kilos de charbon sur le dos; plus tard on leur donnera des brouettes. En 1860, le portage disparaît, mais il y a encore des femmes pour remplir à la pelle les berlines montées sur rail, les tirer, les pousser, en assurer le roulage. Émile Zola et Victor Hugo feront de poignantes descriptions de ces conditions de travail.

Jusqu’en 1874, seuls les enfants de moins de 10 ans ne descendent pas à la mine. Après cette date, les garçons de moins de 12 ans, les filles et les femmes se trouvent exclues des travaux souterrains. Une seule et même loi pour régir les conditions de travail des enfants et des femmes, encore une preuve de la réduction de celles-ci au statut de mineur… enfin, « mineur », on se comprend.

L‘application de la loi étant ce qu’elle est, en Aveyron les femmes assureront le roulage jusqu’en 1892.

Reprenons le cours de notre charbon. Une fois la berline remplie au fond, on la fait remonter au jour. Une autre femme l’attrape, l’emmène vers le culbuteur, un genre de tonneau qui retourne la berline et vide son chargement sur un tapis roulant. Le charbon parvient alors à l’étage inférieur, chez les trieuses. Là, sous les verrières d’un grand hangar, fournaise l’été, glacial l’hiver, sans gants de protection, les femmes doivent repérer et enlever tous les déchets de la quantité de caillasse qui défile sous leurs yeux. Le charbon est ensuite passé au crible, afin de le calibrer, en gaillette, en noisette, en fine… 120 personnes, surtout de sexe féminin, sont employées à ce poste dans le bassin de Decazeville. Ces carbonièras bossent 60 heures par semaine, le dos cassé en deux. En 1956 le criblage est remplacé par un lavoir automatisé (grosso modo le charbon flotte, les cailloux tombent), qui n’a plus besoin que de 60 personnes pour fonctionner. Qui l’eût cru, une fois installé ce dispositif performant qui allège grandement la charge de travail, plus aucune femme n’est embauchée.

AGGLOS, STÉNOS, LAVABOS

Avec le charbon tout menu, en le mélangeant à de l’argile, on fait des agglomérés, conditionnés en boulets ou en briques de 5 kilos. L’usine de Campagnac, ouverte en 1872, embauche là aussi majoritairement des femmes, à la fabrication et à la manutention. Un autre poste de galériennes: celui du remblayage des galeries. Faut en brasser de la terre pour boucher les trous! Payées au rendement, elles doivent en plus fournir leur pelle…

Le travail le plus qualifié que peut occuper une femme à la mine est celui de lampiste. À la lampisterie, elles sont chargées de l’entretien des lampes, qui comptent une centaine de pièces différentes, et les distribuent aux mineurs avant qu’ils ne descendent au fond. Les conditions de travail sont dures, à cause du stress aux heures de pointe, mais aussi de l’odeur du benzine, des projections d’acides lors du remplissage, plus tard à cause du poids des lampes électriques et des coups de jus sur leur rail de chargement. À la fin des années 1950, la lampe-casque, en libre-service, rend la présence des lampistes inutile.

De manière plus attendue, c’est aussi des femmes que l’on retrouve à la sténo dans les bureaux, ou au standard de la fosse. Ou aux « lavabos », en charge de l’entretien des locaux, des douches collectives des mineurs, des baquets des contremaîtres, des baignoires des ingénieurs. Ceux-là ont même droit à un bleu propre et repassé chaque jour!

S’activant hors du carreau de la mine et du rapport salarial, les glaneuses occupent une place singulière dans le paysage. Toute la journée, en sabots et souvent encore en robe, elles escaladent les crassiers formés des déchets de l’industrie minière, à la recherche de charbon ayant échappé au tri. Une centaine de femmes s’activent ainsi près du terril de Decazeville, amassant chacune et chaque jour jusqu’à une demie tonne de charbon, vendu en ville ou à domicile. On ne saurait qualifier de revenu d’appoint l’argent ainsi gagné, qui équivalait parfois la paye du mari.

Enfin, il ne faut pas oublier, dissimulées dans l’espace domestique, les femmes de mineurs. Premières levées, dernières couchées, en assurant l’entretien de leur époux et progéniture, elles participent de manière majeure à la bonne marche de la production. Parler du travail qu’elles fournissent nécessiterait tout un article. Le conditionnement des filles pour devenir femmes de mineur est total, et très bien orchestré par les houillères et leurs politiques sociales paternalistes. Dès l’âge de 14 ans elles vont à l’école ménagère, pour apprendre à bien tenir « leur » intérieur et à nourrir la famille de façon roborative. À 16 ans vient le temps de l’embauche, avec un salaire souvent versé à la mère. Mariées, elles quittent leur poste, qu’elles reprennent, veuves, après avoir prodigué des soins à leurs maris morts de silicose, les poumons encrassés par la poussière de silice.

« On naît fille de mineur, on travaille à la mine, on épouse un mineur et on devient veuve de mineur» – c’est ainsi qu’une des interviewées de Femmes à la mine résume la destinée de cohortes de femmes durant plus d’un siècle. Maxime de la reproduction sociale facile à retenir.

DES FEMMES, JAMAIS DES OUVRIÈRES

Pour les compagnies, le personnel féminin est une variable d’ajustement, désigné dans les registres par l’appellation « filles et femmes », jamais celle d' »ouvrières ». En période de crise, on les licencie, en période d’embellie, leurs salaires augmentent moins vite que ceux de leurs collègues masculins. Quand c’est la guerre, on les embauche à tour de bras et on leur reconnaît tout à coup bien des compétences (elles fabriquent des obus! elles montent des gazogènes!), pour mieux les inviter à reprendre leurs « activités de temps de paix » quand ça se calme (comprendre « repeupler la nation »). Dans les années 1920, 200 à 300 femmes bossent dans les usines et mines du bassin. Et quand les mines sont nationalisées en 1946 et que le statut du mineur garantit enfin l’égalité salariale homme-femme… on les licencie à tour de bras. 4

Côté salaire, elles ne sont pas mieux loties. Au XIXème siècle, beaucoup sont convaincus qu’une femme a moins de besoins qu’un homme; justifiant ainsi qu’en 1900, à travail égal, alors qu’un homme touche cinq francs par jour à la mine, une femme doive se contenter de deux francs cinquante. Sachant que jusqu’en 1907, ce sont les maris qui bénéficient légalement des revenus du travail professionnel de leurs épouses… Qu’il est long l’avènement de la femme ouvrière! Dans les milieux « progressistes« , on les voit comme des concurrentes déloyales; étonnamment les syndicats préfèrent plaider contre le travail féminin plutôt que pour l’égalité salariale. 5 Et ça dure, ça dure… Après s’être montrée très favorable au travail des femmes entre 1945 et 1947, l’Union des femmes françaises (puissant organe du PCF) change de discours et évoque le travail comme une contrainte imposée à certaines en raison des faibles revenus de leurs conjoints. Elle promeut donc un retour au schéma familial traditionnel, dans lequel les revenus du foyer sont avant tout ceux du mari.6 Go home, ladies, depuis le temps qu’on vous le dit.

L’imaginaire masculin dominant a longtemps décrit les femmes comme peu revendicatives, ou craignant trop la violence pour pouvoir participer aux luttes syndicales. Et pourtant elles sont bien présentes quand il le faut, se couchant sur les voies ferrées des mines pour empêcher les employeurs de passer, s’engageant de tout leur corps dans les émeutes. On compte deux femmes (Julie Vaysse, 42 ans, de Combes, et Marianne Maraval, 37 ans, d’Auffet) parmi les 14 personnes tombées sous les balles des soldats, lors des grèves de 1869 à Aubin. Pourtant jamais les syndicats ne se feront le relais de revendications des ouvrières de la mine. Les conditions de travail qu’elles subissent, le fait qu’elles ne puissent pas bénéficier des mécanismes de protection sociale, ni avoir de représentantes dans les instances décisionnelles, ne sont pas considérés comme des enjeux.7

MAUVAISE MINE

La mine est donc un lieu de travail mixte jusqu’aux années 1950; pas de chance, la libération de la femme est prévue pour plus tard.

En 1868, un rapport de l’Académie de médecine sur l’emploi des femmes dans les mines détaille comment les « filles de fosses » subissent régulièrement des agressions sexuelles de la part de leurs collègues masculins, qui profitent des galeries peu éclairées et de la complicité de leurs contremaîtres pour exercer leur « droit de cuissage » (quelle est abjecte cette expression!).

Les témoignages récoltés par l’ethnologue Dominique Le Tirant dans le Nord-Pas de Calais en 2001 en disent long sur la perpétuation des pratiques sexistes.8 Au jour, les trieuses sont qualifiées de « culs à gaillette », que moque une chansonnette: « ramasseuse de caillou, sale cul sale trou »… Leur marqueur de classe, c’est la poussière de charbon, qui part mal autour des yeux; au bal, leurs mains abîmées font comme des stigmates. Comme elles n’ont pas accès à des douches sur leur lieu de travail, contrairement à leurs collègues masculins, elles doivent rentrer toutes cracra à la maison. La seule coquetterie – apanage attendu du féminin- qu’elles peuvent se permettre, c’est le béguin, ce tissu qui protège leurs cheveux et est arrangé de différentes manières selon les modes. Mais bon, elles portent des pantalons, et bossent avec des hommes! Des infirmes et des malades, mais aussi des gaillards fringants, les galibots, qui attendent leurs seize ans pour descendre au fond. C’est ce mélange des genres, et cette proximité de corps non destinés à se côtoyer socialement, qui font naître les rumeurs. “Nous, les filles de la mine, on était ni plus ni moins considérées comme des putains ”, dit une des femmes interrogées.

Pour aller aux toilettes, elles doivent demander l’autorisation d’un surveillant, y compris quand elles se retrouvent les mains pleines de la merde d’un mineur du fond, restée planquée sous un caillou (« farce » récurrente). Ce surveillant est souvent décrit comme autoritaire, distribuant les amendes à tout va, pour une minute de retard, pour un caillou oublié; les femmes les plus visées étant celles qui ont dans leur famille un délégué-mineur… «  Autant de pratiques infantilisantes qui empruntent aux mécanismes de l’expression de l’autorité du paterfamilias « , comme dit l’historienne Marie-Victoire Louis. 9

Un chroniqueur de 1900 se complaît à décrire les hangars de triage comme bruissant de bavardages: « Elles ont le temps, du reste, toute la longue journée, d’aiguiser leur esprit et leur langue en face de leur grille au mouvement monotone et régulier ». 10 D’autres témoignages montrent combien cette présentation est malhonnête: « le travail de tri manuel (…) s’accomplissait dans une atmosphère chargée de poussière dense et surtout dans le vacarme assourdissant des cribles-vibrants et des culbuteurs de bennes. » 11

Aux lampistes, on reproche d’être trop jolies, d’être pistonnées, de se la couler douce. Elles font l’objet de fantasme, comme celui d’imaginer qu’elles prennent soin de « bien astiquer » la lampe d’un mineur pour qui elles auraient le béguin… Vu l’afflux et la cadence, ça m’étonnerait qu’elles aient eu du temps pour les conversations galantes…

Aux lavabos aussi on prêtait aux travailleuses des attentions particulières elles seraient allées jusqu’à frotter le dos des ingénieurs! Les travailleuses affirment que ce fantasme renvoyait surtout au cliché stéréotypé de l’épouse de mineur lavant son mari dans la cuisine familiale. Par contre elles confirment avoir eu à subir régulièrement l’exhibition de sexes masculins …

 

HOMMAGE AUX FEMMES À BICEPS

L’intensité de l’effort physique, l’exposition quotidienne à un milieu hostile, ont concouru à donner de la mine l’image d’un monde essentiellement masculin. Le mineur ne peut être que vigoureux et robuste, quelqu’un à qui l’on adresse au sortir de la deuxième guerre mondiale des slogans comme « Mineur, le sort de la France est entre tes mains! », ou des injonctions grandiloquentes, comme celle-ci de Maurice Thorez : « Produire et encore produire, faire du charbon, c’est aujourd’hui la forme la plus élevée de votre devoir de classe! ». Les femmes ne seront pas conviées dans cette bataille du charbon censée relever le pays. Reconnaître la place qu’elles ont joué dans le processus industriel, ce serait transgresser les codes de l’assignation à des rôles économiques et sociaux sur le critère du genre, codes permettant d’asseoir la domination masculine.

Qui dit monde viril, dit monde sexiste. Dans une société patriarcale, comme le rappelle Marie-Victoire Louis,  » les droits d’usage du corps des femmes, y compris bien sûr dans sa dimension sexuelle, se sont perpétués au sein des rapports salariaux. Et c’est bien là que réside la spécificité des conditions d’usage de la force de travail féminine par rapport au prolétariat masculin.«  8

Ce contrôle des corps se retrouve dans les pratiques d’embauche. La société Vieille Montagne exige de ses employées d’être célibataires, veuves à la rigueur, et de s’engager à démissionner en cas de mariage. Il faut attendre le milieu des années 1960 pour que la justice dénonce l’abus de droit. À en croire les témoignages du musée de Cransac, la même pratique semble avoir cours au triage et à la lampisterie. Qu’en comprendre? Souhaitait-on que les femmes présentes sur les lieux de travail puissent rester l’objet de fantasmes, voire d’attouchements, sans menacer les amitiés masculines, sans mettre à mal l’honneur des époux? Indirectement, n’était-ce pas admettre, et par là même tolérer, la violence du milieu minier envers sa composante féminine?

Je n’oublie pas le rôle joué par les femmes dans la perpétuation de cette société minière hyper structurée, hyper normative. Elles aussi participaient aux médisances, à la stigmatisation. Beaucoup d’entre elles ont pensé, comme ce Monsieur Chirac en 1900, que « le travail des femmes n’enrichit pas une maison ».

Je n’ai pas non plus l’intention de glorifier le travail comme ultime et nécessaire lieu d’émancipation de la femme.

Peut-être ai-je avant tout cherché, dans cette traversée en compagnie des femmes de mine, à renouveler les figures de mon panthéon féministe, celui vers lequel on se tourne quand on n’en peut plus de ce monde sexiste de merde, à la recherche d’un peu d’inspiration et d’énergie pour lutter. Me voilà ravie d’y caler des minois noircis, voilés et dotés de bons biceps, j’en avais un peu marre de ne pouvoir convoquer que des sorcières et des universitaires.

notes de bas de pages

1 Les femmes ont toujours travaillé, Marie-Thérèse Coenen, Centre D’animation et de recherche en Histoire ouvrière et populaire (Carhop), 2006

2 L’ouvrière, Jules Simon, Hachette, 1861

3 Pour le contexte local, voir les très complets ouvrages publiés par l’Association de Sauvegarde du Patrimoine Industriel du Bassin de Decazeville (ASPIBD)

4 Économie et société dans le bassin industriel nord-aveyronnais : 1900-1950, Alain Boscus, Institut CGT d’histoire sociale, 1997

5 La condition houillère au XIXe siècle : un reporter au pays des mineurs, Florence Loriaux, Carhop, 2005

6 La place des militantes de l’Union des Femmes Françaises dans les grèves de l’après-guerre, Sandra Fayolle, revue Sens Public, mai 2009

7 Les houillères au filtre des rapports de genre: des emplois « féminins » à l’épouse de mineur 1860-1960, J.-L. Escudier in Les Houillères entre l’État, le marché et la société, ouvrage collectif dirigé par Sylvie Aprile, Presses Universitaires du Septentrion, 2016

8 Femmes à la mine, femmes de mineurs, Dominique Le Tirant, Centre Historique Minier de Lewarde, 2002

9 De l’appropriation du corps des femmes au travail, en France, au XIXe siècle, MarieVictoire Louis, La Découverte, 1990

10 Le Bassin houiller de l’Aveyron illustré, Franc Chirac, 1907

11 Mines et Mineurs, Bassin de Decazeville, Gérard Pertus et Michel Herranz, ASPIBD, 2008