Numéro 15 régional

Bulletin de grève

«Si on cumule toutes les heures supplémentaires des sages-femmes des services de grossesses pathologiques et des urgences, on arrive à huit équivalents temps-plein. Les comptes épargne-temps sont remplis. On ne peut plus prendre de congés », déclarait le 23 septembre au micro de France 3 Johanne Reynaud, représentante syndicale UNSA santé sociaux et sage-femme à la maternité du CHU de Purpan à Toulouse. Ce jour-là, elles lancent une grève qui prendra fin onze jours plus tard, après avoir obtenu des garanties d’embauche pour les collègues en CDD ainsi que deux postes supplémentaires. Ces sages-femmes toulousaines expriment un ras-le-bol général : les « premier·es de cordée » sont à bout à cause des conditions de travail dégradées, de la gestion managériale de leurs établissements, et du manque d’effectifs dans le public comme dans le privé.

Il faut des augmentations de salaire, certes, mais les revendications touchent souvent aussi aux questions de dignité, comme lorsque les aides à domicile de l’ADMR de Sérignan dans l’Hérault se sont mobilisées pour que leur temps de trajet entre deux patient·es ne soit pas décompté de leur salaire et pour protester contre les cadences impossibles à tenir. Ou encore à Bègles, en Gironde, où les salarié·es d’un foyer d’accueil médicalisé ont débrayé et accroché des pancartes « Encadrants épuisés, résidents en danger ». Non loin de là, à Langon, le personnel de la clinique Sainte-Anne a fait grève, puisque leur établissement, récemment racheté par un grand groupe, leur a fait l’aumône d’une augmentation de 12 euros bruts par mois, alors qu’il a enregistré des bénéfices records l’année passée. Dans le Lot-et-Garonne, les pompiers professionnels ont carrément annoncé un mois minimum de grève, reconductible, avec date d’effet au 23 septembre, ils dénoncent un management agressif au sein du SDISS 47, et réclament aussi un vrai suivi de santé pour les agents, qui sont surexposés au PFAS entre autres à cause des fumées toxiques et des équipements ignifugés.

Dans les transports on fait grise mine aussi ; dans l’Aude et dans l’Hérault les chauffeurs de bus scolaires et périurbains de la compagnie Keolis en sont à leur sixième semaine de grève, très suivie notamment sur les communes de Agde et Sète avec plus de 70% du personnel mobilisé. Ils débrayent tout les jours de 7h20 à 8h15, impactant fortement les circulations des bus scolaires. Les négociations salariales sont toujours dans l’impasse avec la direction, qui se permet de mettre la pression sur les grévistes obligeant ceux-ci à saisir l’inspection du travail.

Le 10 septembre, les enseignant·es étaient aussi sur le pied de guerre pour fustiger la généralisation des « évaluations » qui mettent les élèves en concurrence entre eux, sont source de stress et qui « participent au contrôle croissant des pratiques professionnelles » selon la CGT éducation.

On pourrait aussi parler des agents municipaux vent debout contre la mairie d’Albi dont ils dénoncent le « mépris », et qui refuse d’admettre qu’à travail égal, les employé·es de la mairie albigeoise sont bien moins payé·es (entre 180 et 300 euros) que leurs collègues de l’agglo voisine de Gaillac-Graulhet par exemple. Tandis qu’à Lezoux dans le Puy-de-Dôme, les agents ont débrayé, épuisés, pour demander l’embauche de nouveaux collègues pour pouvoir maintenir ce service public dans des conditions dignes.

Évoquons enfin les salarié·es du transporteur Netraco, dont le principal client est Amazon, qui luttent pour la réactivation de leur mutuelle, le paiement des salaires et des congés payés en temps et en heure ; et la menace de fermeture d’usine que fait peser Steris (géant du matériel médico-dentaire) sur ses 96 salarié·es au Haillan, en Gironde.

La liste est longue comme le bras, mais on dirait que Macron et le gouvernement Barnier prennent un malin plaisir à être assis sur une cocotte-minute. Tic tac tic tac tic BOUM !