Bulletin de grève

Tant que le patronat existera, le meilleur bulletin sera toujours celui de la grève, alors c’est reparti pour un tour !

À la boyauderie Aymard à Mautauban, douze jours de grève en juillet n’ont pas suffi. Pour être intervenues en soutien à une collègue victime de harcèlement, dont l’arrêt maladie a été requalifié en accident de travail, deux salariées vont être licenciées. La CGT locale dénonce une répression syndicale, les prud’hommes sont saisis. De son côté, la famille Aymard prospère. C’est « l’histoire d’un succès qui ne se dément pas » selon la Dépêche, avec 32 millions de chiffre d’affaires et 200 salarié·es. Merci qui ? L’argent public ! Elle a touché une subvention de 235 000 euros de la région Occitanie en 2020, et a racheté un concurrent, Charles Bourdeau, grâce aux fonds apportés par la banque publique BPI France et le fond d’investissement Midi-Pyrénées Croissance, piloté par la région.

À l’Ehpad de Sommières, dans le Gard, vingt jours de grève ont été nécessaires en juillet pour faire plier la direction de cet établissement public. Ils et elles dénonçaient des conditions de travail indignes, et ont gagné des avancements de grade, des titularisations, un plan de résorption de l’emploi précaire, une participation syndicale renforcée, un réapprovisionnement du petit matériel, etc.

En Ardèche, les mauvaises nouvelles s’enchaînent autour sur le bassin de Privas. À Saint-Julien-en-Saint-Alban, treize postes ont été supprimés en début d’année à l’usine de textile Payen, et la fermeture de Contifibre va mettre sur le carreau 69 salarié·es. S’ajoutent 125 emplois du côté de Construction électrique du Vivarais (CEV) à Privas supprimés d’ici juin 2027. Les salarié·es de Contifibre ont été jusqu’à bloquer leur usine pour négocier des indemnités de licenciement minimales, et les travailleur·euses de la CEV se sont rassemblés devant leur usine début septembre.

À l’usine OI Glass de Vayres, en Gironde, le patronat entend fermer un four de la verrerie et mettre 126 salarié·es à la rue. Après un blocage de l’usine en avril, un grand rassemblement a eu lieu le 9 septembre avec 500 salarié·es du secteur venus en soutien de toute la France. Owens Illinois Glass est une multinationale américaine qui a touché, selon la CGT, pas moins de 15 millions d’argent public en cinq ans.

Et comment ne pas causer aussi de la grève du 10 septembre des travailleur·euses sociaux du service asile de l’URCM à Toulouse, qui réclament des embauches, des hausses de salaire, la fin des expulsions des demandeurs d’asile et la réquisition des logements vides. Mais aussi le blocage du site de méthanisation Amétyst à Montpellier le 15 juillet, par des salarié·es inquiets de passer du groupe Suez au groupe Urbaser, détenue par le fonds d’investissement américain Platinum Equity. Ou la grève victorieuse des salarié·es de Limagrain à Ennezat, dans le Puy-de-Dôme, qui ont vu leur fiche de paye augmentée de 40 à 60 euros, le 10 juillet. Sans compter, un peu partout dans la région, les grèves des salarié·es de la poste, des hôpitaux, des Ephad, des collectivités, des écoles, des sociétés de transport…

Émile Progeault