Numéro 6

440 gilets jaunes incarcérés : l’État macroniste sans pitié

Le gouvernement a cogné de toutes ses forces pour tenter d’asphyxier ce mouvement. La violence policière s’est vue renforcée par la violence des juges, les encouragements de l’exécutif et le concours des députés. Le résultat laisse sans voix : 11 000 gardé-es à vue, 4700 procès, 3000 condamnations, 1000 peines de prison ferme dont 440 mandats de dépôt, et plus de 130 gilets jaunes condamnés à des peines supérieures à un an.

Dans la région, au moins 81 peines de prison ferme sont comptabilisées à Toulouse et 42 à Montpellier. Cette justice d’abatage est particulièrement rapide : la moitié des GJ sont jugés en comparution immédiate le lundi ou le mardi suivant (procès expéditif en une demi-heure sans préparation préalable avec un avocat), 70% dans les sept premiers jours. Pour une très large partie, les condamnations le sont pour outrage, rébellion, violence envers les forces de l’ordre, reposant souvent sur la seule parole des flics. Les juges s’en sont donné à cœur joie, stimulés par la circulaire de la ministre Belloubet (22/11) : elle enjoint les magistrats à la sévérité avec « une réponse pénale systématique et rapide », à multiplier les chefs d’accusation et à utiliser des procès verbaux du « contexte » : une sorte de PV d’ambiance de la manif qui viendra charger l’accusé en raison de sa présence dans une manif et permettra, dans le cas d’un dossier vide, de se rabattre sur la « participation à un groupement en vue de commettre des dégradations ou violences » ( merci Sarkozy). Ainsi, après deux ou trois mois de mouvement, le port d’un masque ou de lunettes suffira parfois à condamner des gilets jaunes. La dernière loi scélérate dite « anti-casseurs », votée en avril, viendra remettre une louche répressive : des GJ vont désormais se faire arrêter et condamner pour visage dissimulé pendant que les arrestations « préventives » se multiplient, empêchant des milliers de personnes de se rendre aux manifestations. Quant au bilan humain, il est lui aussi sans comparaison : outre les gilets qui ont perdu la vie suite à des accidents sur les ronds-points, on doit imputer aux flics la mort de Zyneb Redouane, cinq mains arrachées par des grenades explosives, 24 éborgnés au LBD, 315 blessures à la tête et des milliers d’autres blessés. Les forces de l’ordre ont eu comme consigne de frapper sur ce mouvement et de lui tirer dessus, en toute impunité : malgré les dénonciations ou les plaintes, aucun flic n’a été inquiété et la répression n’a cessé d’aller crescendo.

* Sources : « Gilets jaunes face à la justice », www.Bastamag.net, 23/09/19, « En prison comme 440 gilets jaunes, ils racontent », www.streetpress.com, 16/09/19 et « Robes noires contre Gilets jaunes », L’Envolée, juin 2019. Selon le ministère, 150 informations judiciaires pour des faits graves sont en cours, et de nombreux gilets jaunes sont en attente de leur jugement. À Toulouse, parmi les peines de prison ferme, la « défense collective » (https://defensecollectivetoulouse.noblogs.org/) compte 45 mandats de dépôts, dont 7 gilets jaunes avec une peine de plus d’un an et 23 qui écopent de 6 à 12 mois.

Défense Collective Toulouse est un collectif de militant-es qui apporte soutien matériel, financier et moral aux condamnés, comme des conseils pratiques pour tous les gilets jaunes en manif. Des permanences ont lieu le dimanche à 17H au 36 rue Danielle Casanova à Toulouse pour les proches de prisonniers ou de personnes récemment arrêtées. Contacts : 0758252219 ou defensecollectivetoulouse@riseup.net

Interdiction de filmer. Un Gilet jaune a filmé et diffusé des affrontements avec les gendarmes le 5 janvier 2019. Il a été arrêté et jugé : 5 mois avec sursis et 1100 euros à filer aux pandores. D’après l’ultra-juge, seuls les journalistes peuvent filmer ce type de scène. Source : www.dijoncter.info, « 5-mois-de-prison-avec-sursis-pour-une-video-de-manif », 22/09/19